venant du vent du nord qui soufflait pendant l’hiver. En effet, la chaux de Rome, qui est faite avec du travertin blanc, ne sèche pas vite, et si on la mélange avec de la pouzzolane qui est de couleur tannée, elle fait une composition foncée, puis, quand on l’étend liquide et chargée d’eau et que le mur en est bien imprégné, elle fait des fleurs en séchant. Ces fleurs étaient produites par l’humidité qui se porte à la surface, et qui disparaît avec le temps, mais en laissant le mur taché. Michel-Ange était désespéré, et ne voulait plus continuer son travail ; comme il s’excusait auprès du pape de ce qu’il ne réussissait pas. Sa Sainteté lui envoya Giuliano da San Gallo qui lui indiqua la cause, l’encouragea à continuer et lui indiqua le moyen de faire disparaître les moisissures. Il amena donc son travail à la moitié de la voûte, et le pape, qui était venu l’examiner, en montant par les échelles de bois, avec l’aide de Michel-Ange, voulut que cette moitié fût découverte ; il était, en effet, impatient de nature et ne pouvait attendre la fin du travail, qu’il eût la dernière main, comme on dit. Aussitôt que l’œuvre fut découverte, tout Rome se rendit à la chapelle, pour la voir, et le pape, qui fut le premier arrivé, n’attendit pas que la poussière provenant de la destruction de l’échafaudage fût tombée. Raphaël d’Urbin, qui excellait à imiter les autres, vint aussi voir la voûte et changea immédiatement sa manière ; pour montrer tout son talent, il fit aussitôt les Prophètes et les Sibylles que l’on voit dans l’église della Pace ; Bramante alors essaya de lui faire allouer l’autre moitié de la voûte. Michel-Ange, l’ayant appris, s’en plaignit au pape et lui dit, sans aucun égard, beaucoup de mal des mœurs et des œuvres d’architecture de Bramante, en indiquant les défauts que l’on découvrit plus tard et qu’il dut corriger, quand il fut architecte de Saint-Pierre. Mais le pape, reconnaissant chaque jour davantage le génie de Michel-Ange, voulut qu’il continuât le travail, et, d’après la partie découverte, jugea que Michel-Ange ferait l’autre moitié encore plus belle. C’est ainsi qu’il acheva toute la peinture de la voûte en vingt mois[1], tout seul, sans autre aide que de ceux qui lui broyaient les couleurs. Michel-Ange s’était plaint plusieurs fois que le pape le pressait trop, et qu’il ne pouvait finir son travail à sa guise, le pape l’importunant sans cesse, pour savoir quand il aurait terminé. Un jour, Michel-Ange lui dit qu’il finirait quand il serait satisfait de son œuvre. « Et moi, je veux, répondit le pape, que tu te conformes à notre désir d’avoir ce travail terminé rapidement. » Il ajouta que, s’il le faisait attendre encore longtemps, il le ferait jeter
- ↑ Erreur : il lui fallut quatre ans.