qui fut très belle[1]. Il l’honorait pour son mérite, de telle sorte que Lodovico, son père, s’apercevant qu’il avait du crédit parmi les grands, commença à le traiter plus convenablement qu’il ne l’avait fait jusqu’alors.
Pour l’église de Santo Spirito, à Florence, Michel-Ange fit un crucifix en bois[2], qui est posé sur le maître-autel, au-dessus du demi-relief, et qu’il exécuta pour un prieur qui l’avait logé dans le couvent. Il s’y livra fréquemment à des études anatomiques, écorchant des corps morts, et commença à donner à son dessin cette grande perfection qu’on y a vue depuis.
Il arriva ensuite que les Médicis furent chassés de Florence[3], et que, peu de semaines auparavant, Michel-Ange était allé à Bologne, puis à Venise, craignant qu’il ne lui arrivât malheur, à cause de la grande intimité qu’il avait toujours eue avec cette famille, et à cause de l’insolence et du mauvais gouvernement de Pierre de Médicis. N’ayant reçu aucun bon accueil à Venise, il revint à Bologne ; mais ayant inconsidérément oublié de prendre un billet de reconnaissance, en entrant dans la ville, pour pouvoir ensuite en sortir, il tomba sous le coup de la pénalité qu’avait ordonnée Giovanni Bentivogli, qui voulait que tous les étrangers, non munis de ce billet, payassent cinquante livres bolonaises. Michel-Ange, qui n’avait pas de quoi payer cette somme, fut secouru par Messer Giovanfrancesco Aldovrandi, un des seize du gouvernement, qui, s’étant fait conter la chose, le fit mettre en liberté et le retint auprès de lui plus d’une année. Un jour, l’ayant conduit à San Petronio voir l’arca de San Domenico, commencée par Giovanni Pisano[4], comme nous l’avons dit, et terminée par Maestro Niccolo dell’Arca, l’un et l’autre sculpteurs anciens, il lui montra qu’il manquait un ange tenant un chandelier, et un San Petronio, deux figures d’une brasse environ, et lui demanda s’il se croyait capable de les exécuter. Michel-Ange répondit que oui et, s’étant fait donner du marbre, il les termina de manière que ce sont les meilleures figures du monument ; elles lui furent payées toutes les deux trente ducats par Messer Francesco Aldovrandi[5].
Michel-Ange resta à Bologne un peu plus d’un an, et il y serait