vaux l’ont fait connaître pour un vaillant maître et un bon citoyen.
À Venise ensuite, où il a presque toujours habité, il a fait de nombreux ouvrages, à différentes époques ; mais le plus beau et le plus digne d’éloges est une histoire peinte dans la Scuola di San Marco, près de San Giovanni e Polo, et qui a pour sujet l’Anneau de saint Marc, rendu par un pêcheur à la Seigneurie de Venise[1]. Autour d’un magnifique édifice siègent le Sénat et le Doge ; plusieurs des sénateurs sont peint d’après nature avec une grande perfection. La beauté de cette fresque fut cause que le peintre commença à être recherché par plusieurs gentilshommes ; ainsi, dans la grande maison des Foscari, près de San Barnaba, il exécuta quantité de peintures, parmi lesquelles, un Christ retirant des limbes les saints pères ; ce tableau est très estimé. Quatre autres se trouvent à San Giobbe in canal Reio[2], à San Giovanni in Bragola, à Santa Maria della Celeste et à Santa Marina[3]. Mais Pâris, s’apercevant que qui veut être employé à Venise est forcé d’aller faire sa cour à celui-ci et à celui-là, en homme tranquille et ennemi de ces procédés, se décida à aller travailler au dehors, pour n’avoir pas à mendier de l’ouvrage dans son pays. L’an 1588, il profita d’une occasion favorable pour passer en France[4], et entrer au service du roi François. Il fit, pour ce souverain, bon nombre de portraits de femmes et différents ouvrages[5] ; pareillement, pour Monseigneur de Guise, un très beau tableau d’église et un tableau d’appartement représentant Vénus et Cupidon. Le cardinal de Lorraine lui fit peindre un Ecce Homo, un Jupiter en compagnie d’Io et plusieurs autres compositions. Il envoya au roi de Pologne un Jupiter avec une nymphe que l’on admire beaucoup ; puis il expédia en Flandre une sainte Marie-Madeleine dans le désert, et une Diane se baignant avec ses nymphes dans une fontaine ; ces deux derniers tableaux lui furent commandés parle Milanais Candiano, qui les destinait à la reine Marie de laquelle il était médecin. À Augsbourg[6], il conduisit à fin, dans le palais des Fugger, des travaux si importants qu’ils lui valurent 3.000 écus ; dans la même ville, on voit encore de lui, chez les Priner, un immense et beau tableau où il mit en perspective les cinq ordres d’architecture, et, chez le cardinal d’Augsbourg, un tableau de chevalet. On voit aussi de ses œuvres à Crema, à Civitate di Belluno