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Santa Croce, il fit une Pietà[1], qui est étonnante à regarder, non pas tant pour sa beauté, que pour s’être maintenue si vive et si fraîche de couleurs à fresque. Bernardino de’ Rossi, citoyen florentin, lui fit faire un saint Sébastien[2] pour cent écus d’or, lequel fut vendu ensuite par Bernardino au roi de France quatre cents ducats d’or. À Valle Ombrosa, il peignit un tableau pour le maître-autel[3], et pareillement un autre dans la Chartreuse de Pavie[4]. Pour le cardinal Caraffa, de Naples, il peignit une Assomption de la Vierge, avec les disciples en admiration autour du sépulcre[5], destinée au maître-autel de l’évéché ; l’abbé Simone de’ Oraziani de Borgo San Sepolcro lui demanda un grand tableau[6], qu’il exécuta à Florence et qui fut porté à San Gilio del Borgo sur les épaules d’hommes que l’on a payés chèrement. Il envoya à Bologne un tableau représentant quelques figures debout et une Madone dans les airs[7], qui dut être placé à San Giovanni in Monte.

La renommée de Pietro s’était répandue de telle sorte, en Italie et au dehors, que le pape Sixte IV, pour sa plus grande gloire, l’appela à Rome, pour travailler dans sa chapelle, en compagnie d’autres artistes excellents. Aidé par don Bartolommeo della Gatta, abbé de San Clemente d’Arezzo, il peignit le Christ donnant les clefs à saint Pierre[8], la Nativité et le Baptême du Christ, et la naissance de Moïse, quand il est sauvé des eaux par la fille de Pharaon. Sur la paroi où est l’autel, il peignit l’Assomption de la Vierge et représenta le pape Sixte agenouillé. Mais cette fresque fut jetée à terre, du temps de Paul III, pour faire place au Jugement dernier du divin Michel-Ange. Il couvrit une voûte, dans la tour Borgia, de quelques épisodes de la vie du Christ, et de feuillages en grisaille[9], qui furent réputés de son temps une œuvre excellente. Pareillement à Rome, il peignit l’Histoire de deux Martyrs[10], dans l’église San Marco,

  1. N’existe plus.
  2. Tableau perdu. Un tableau analogue, provenant de la galerie Sciarra, est au Louvre.
  3. Une Vierge, à l’Académie des Beaux-Arts, signée, datée 1500.
  4. Actuellement à la Galerie Nationale de Londres, c’est la célèbre Madone de Pavie
  5. Actuellement dans la cathédrale de Naples, au-dessus de la petite porte.
  6. Une Ascension, en place.
  7. À la Pinacothèque de Bologne, signé : PETRUS PERVSINVS PINXIT.
  8. Existent encore : les deux autres fresques restituées à Pinturicchio furent détruites, en même temps que l’Assomption.
  9. Existe encore, dans la chambre de l’incendie du Bourg.
  10. N’existe plus.