presque terminée, et s’en alla, la laissant inachevée. Raffaele da Montelupo la conduisit à fin, et elle fut placée avec les autres d’Andrea ; quoiqu’elle leur soit bien inférieure, elle renferme des parties dignes d’éloges.
De retour à Rome, Baccio obtint du pape, par la faveur du cardinal Jules de Médicis, qu’on lui donnât à faire quelques statues pour la cour du palais Médicis, à Florence. Étant allé dans cette ville, il exécuta en marbre un Orphée, qui, par son chant et les sons de sa lyre, apaise Cerbère et émeut les Enfers. Il avait imité dans cette œuvre l’Apollon du Belvédère, et il en reçut de grands éloges. Quoique l’Orphée de Baccio n’ait pas tout à fait l’attitude de l’Apollon, Baccio, néanmoins, en imita la manière du torse et des membres. La statue terminée fut placée par ordre du cardinal Jules, pendant qu’il gouvernait Florence, dans la cour susindiquée, sur une base ornée faite par Benedetto da Rovezzano, sculpteur.
Mais comme Baccio n’eut jamais aucun souci de l’art de l’architecture, il n’eut pas le bon esprit de Donatello, qui avait élevé son David sur une simple colonne reposant sur une base percée à jour, afin que l’on pût voir de la porte de la rue jusque dans la seconde cour. L’Orphée est placé sur un piédestal lourd et massif, qui attire la vue du passant, bouche la porte, en sorte qu’on ne voit pas si le palais se termine à la première porte, ou va plus loin[1].
Au milieu de tous ces travaux, Baccio continuait à dessiner, et il fit graver, par Marco de Ravenne et Agostino de Venise, un grand dessin représentant le Massacre des Innocents[2] ; cette composition, où l’on voit une foule de figures nues, d’enfants morts et vivants, de soldats et de femmes, prouve combien Baccio était habile dessinateur et excellent anatomiste, et elle répandit sa réputation par toute l’Europe.
Le cardinal Bernardo Divizio da Bibbiena était revenu de France[3], où il avait vu que le roi François Ier ne possédait aucun marbre, ni antique ni moderne, mais qu’il les appréciait néanmoins ; aussi avait-il promis à Sa Majesté de s’employer auprès du pape, pour qu’il lui envoyât quelque beau morceau. Après le cardinal vinrent à Rome deux ambassadeurs du roi qui, voyant les statues de Belvédère, louèrent infiniment le Laocoon[4]. Le cardinal Médicis et Bibbiena, qui les accompagnaient, leur demandèrent si ce groupe serait agréable au roi ;