ayant vu des dessins de Baccio, et les ayant trouvés bien, l’engagea à continuer et à s’exercer à modeler, en lui vantant les œuvres de Donato et en lui conseillant de faire quelque chose en marbre, soit une tête, soit un bas-relief. Excité par les encouragements de Léonard, Baccio se mit à copier une tête antique de femme, qui était dans le palais Médicis, et, pour un premier essai, il la réussit assez honorablement pour qu’elle plût à Andrea Carnesecchi, à qui le père de Baccio la donna, et qui la fit poser dans sa maison de la Via Larga, au-dessus de la porte qui va de la cour dans le jardin. Baccio modela ensuite d’autres figures en terre, et son père, voulant l’encourager dans ces louables efforts, fit venir de Carrare quelques blocs de marbre, et lui fit construire à Pinti, à l’extrémité de sa maison, un atelier commode et bien éclairé qui donnait sur la Via Fiesolana. Baccio y ébaucha diverses figures, et d’un bloc haut de deux brasses et demie tira un Hercule foulant Cacus à ses pieds. Ces ébauches sont restées dans cet endroit, en souvenir de lui.
À cette époque fut exposé le carton, plein de figures nues, que Michel-Ange avait fait, à la demande de Piero Soderini, pour la salle du Grand Conseil. Tous les artistes accoururent, comme nous l’avons déjà dit, pour le copier à cause de sa grande beauté, et Baccio parmi les premiers : en peu de temps il surpassa tous les autres, faisant les contours, les ombres, et terminant ses dessins mieux que Jacopo Sansovino, Andrea del Sarto, le Rosso encore jeune. Alfonso Berruguete, Espagnol, et quantité de célèbres artistes. Comme Baccio allait, plus souvent que les autres, dans le lieu d’exposition dont il avait une fausse clef, l’an 1512, pendant la révolution qui chassa le gonfalonier Pier Soderini et rappela les Médicis, il profita du tumulte qui se produisit dans le palais, au moment de ce changement de gouvernement, pour s’introduire secrètement dans la salle et mettre le carton en pièces. Les uns prétendent qu’il déchira ce chef-d’œuvre pour en posséder quelques parties ; d’autres pensèrent qu’il voulut ôter à ses jeunes rivaux les moyens de faire des progrès ; ceux-là dirent qu’il n’agit ainsi que par affection pour Léonard de Vinci, auquel le carton de Michel-Ange avait beaucoup enlevé de réputation : d’autres enfin, interprétant mieux les choses, attribuèrent son action à la haine qu’il portait à Michel-Ange, comme on put le voir par la suite. La perte de ce carton fut un malheur pour la ville, et une grande tache pour la réputation de Baccio, que chacun accusa justement d’envie et de méchanceté.
Il avait déjà acquis le renom d’un grand dessinateur, et il était