Outre ce palais, dans lequel Jules a exécuté quantité de choses dignes d’éloges, mais que nous passerons sous silence pour éviter les longueurs, il restaura plusieurs salles du palais où habite le duc dans Mantoue, construisit deux grands escaliers en colimaçon, avec de riches appartements ornés de stucs. Dans une salle, il fit peindre l’histoire de la guerre de Troie, et dans une antichambre, exécuta douze peintures à l’huile au-dessus des portraits de douze empereurs peints auparavant par Tiziano Vecellio[1]. Pareillement, à Marmiruolo, à cinq milles de Mantoue, on éleva sur les dessins un bâtiment très commode[2], rempli de peintures non moins belles que celles du château et du palais du T. À Sant’Andrea de Mantoue, dans la chapelle de la signora Isabella Buschetta, il fit un tableau à l’huile[3] où l’on voit la Vierge et saint Joseph qui adorent l’Enfant Jésus dans la crèche, avec le bœuf, l’âne, entre saint Jean Évangéliste et saint Longin, de grandeur naturelle. Sur les murs de cette chapelle, Rinaldo exécuta, d’après les dessins de son maître, deux sujets[4] dont l’un représente le Crucifiement du Christ, où l’on remarque des chevaux admirables, et l’autre les fidèles trouvant le sang de Notre-Seigneur, du temps de la comtesse Mathilde. Jules peignit ensuite de sa propre main, pour le duc Frédéric, une Vierge occupée à laver le Christ encore enfant, pendant que le petit saint Jean verse l’eau contenue dans un vase[5] ; ces figures, grandes comme nature, sont très belles. Dans le lointain, on aperçoit plusieurs femmes qui viennent visiter la mère de Dieu. Ce tableau fut donné par le duc à la signora Isabella Buschetta, dont Jules plaça le portrait dans un petit tableau de la Nativité de Notre-Seigneur, que le seigneur Vespasiano Gonzaga possède aujourd’hui[6], avec un autre qui lui a été donné par le duc Frédéric. Dans ce dernier tableau[7], Jules a représenté un jeune homme et une jeune fille couchés sur un lit, se tenant étroitement embrassés et se prodiguant des caresses, tandis qu’une vieille, cachée derrière une porte, les regarde furtivement ; ces figures, d’une grâce indicible, sont presque de grandeur naturelle. Pour le comte Niccola Maffei, il fit un Alexandre le Grand, tenant à la main une Victoire, grand comme nature et reproduit d’après une médaille