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Sebastiano de Venise, et d’autres artistes excellents ne mourussent de faim. Mais, comme le voulut Dieu, tandis que la consternation régnait parmi les courtisans accoutumés à la libéralité et à la magnificence de Léon X, et que les artistes songeaient à quitter Rome, voyant que toute espèce de talent était méprisée, Adrien mourut[1], et fut remplacé par le cardinal Jules de Médicis, sous le nom de Clément VII, avec lequel tous les arts du dessin ressuscitèrent comme en un jour.

Jules et Giovanfrancesco s’occupèrent aussitôt, et tout joyeux, par l’ordre du pape, d’achever la salle de Constantin. Ils jetèrent bas l’enduit que Raphaël avait préparé pour peindre à l’huile ; mais ils conservèrent deux figures, dont l’une représente la Justice, qu’ils avaient eux-mêmes peintes à l’huile auparavant. Les fresques de cette salle sont les meilleures que l’on connaisse de Jules ; il est vrai qu’il y mit un soin tout particulier, comme on peut en juger par un très beau dessin de sa main, représentant saint Sylvestre, et qui a peut-être plus de grâce que la peinture de ce saint faite sur le soubassement. Jules exprima toujours mieux ses idées dans ses dessins que dans ses peintures ; on y découvre plus d’animation, de caractère et de sentiment ; cela provient peut-être de ce que, tout enflammé de ses sujets, il les dessinait en une heure, tandis qu’il employait des mois et des années à les peindre. Comme il les prenait en dégoût et qu’il n’avait plus cette ardeur qu’on éprouve quand on entame un travail, il n’est pas étonnant qu’il ne donnât pas à l’exécution cette entière perfection que l’on remarque dans ses dessins.

Pour revenir aux grands sujets que renferme cette salle, il peignit, sur une des parois, Constantin adressant une allocution à ses soldats ; dans les airs apparaît une croix rayonnante, portée par des petits anges et sur laquelle on lit : IN HOC SIGNO VINCES ; aux pieds de Constantin est un nain qui essaie de se mettre un casque sur la tête. Sur la grande paroi est représentée la bataille équestre qui eut lieu près du Ponte Molle, et où Maxence fut mis en déroute par Constantin. Cette œuvre[2] est extrêmement remarquable par le grand nombre de blessés et de morts qu’on y voit, les attitudes variées des fantassins et des cavaliers qui luttent entrelacés ; si cette peinture n’était pas trop colorée ni trop poussée au noir, ce à quoi Jules se plut toujours dans ses couleurs, elle serait parfaite en tous points, mais ce défaut leur enlève beaucoup de grâce et de beauté. Au milieu du Tibre, Maxence, fier et terrible

  1. Le 24 septembre 1523.
  2. Qui existe encore ; commencée en 1524, elle fut payée aux deux peintres mille ducats, en 1525.