les beaux arts qui avaient été remis en honneur sous son règne et sous celui de son prédécesseur, Jules II. Ils étaient tellement odieux à Adrien VI, qui succéda à Léon X, que, si le sceptre apostolique était resté longtemps entre ses mains, il serait arrivé à Rome, sous son pontificat, ce que l’on vit autrefois, quand toutes les statues, bonnes ou mauvaises, échappées aux ravages des Goths, furent condamnées au feu par certains pontifes. Déjà Adrien, peut-être pour les imiter, avait parlé de vouloir jeter à terre la chapelle du divin Michel-Ange, laquelle, disait-il, n’était qu’un bain d’hommes nus. Il méprisait toutes les bonnes peintures et les statues qu’il appelait des objets lascifs, infâmes et abominables. Ce qui fut cause que non seulement Antonio, mais encore que les autres beaux génies s’arrêtèrent. Tant que ce pontife vécut, on ne travailla à rien, sinon à la construction de Saint-Pierre, à laquelle il devait au moins s’intéresser, puisqu’il se montrait tant ennemi des choses mondaines. Antonio, forcé de s’occuper d’ouvrages peu importants, restaura les nefs collatérales de San Jacopo degli Spagnuoli et pratiqua de belles fenêtres dans sa façade. Puis il exécuta, en travertin, le tabernacle de l’imagine di Ponte[1], qui, bien que petit, a beaucoup de grâce, et dans lequel Perino del Vaga peignit ensuite une charmante petite fresque.
Le ciel, enfin touché de compassion, voulut, avec la mort d’un homme, ressusciter mille vies. Il mit donc à la place d’Adrien un homme plus digne de ce haut rang et devant gouverner dans un autre esprit les choses de ce monde. Le nouveau pape Clément VII, plein de générosité, voulut suivre les traces de Léon X et des autres ascendants de sa glorieuse famille. Antonio fut aussitôt employé par Sa Sainteté qui le chargea de refaire une cour du palais, sur laquelle donnent les loges peintes sous la direction de Raphaël. Il la rendit aussi commode que belle, en élargissant et en redressant les avenues étroites et tortueuses qui y conduisaient jadis. Mais ce lieu a changé d’aspect, parce que le pape Jules III enleva, pour en orner sa villa, les colonnes de granit qui s’y trouvaient et altéra toute la disposition. Dans le même temps Antonio fit la façade de l’ancienne Monnaie in Banchi, en tirant parti de la rotondité du coin, ce que l’on estime être un travail difficile, vraiment miraculeux ; il y plaça les armoiries du pape[2]. Il acheva ensuite de renforcer les fondations des loges du Vatican, travail que la mort de Léon X avait interrompu et que la négligence