et qu’il exécute encore, que j’ai voulu faire de lui cette honorable mention, parmi tant d’artistes de talent.
La gravure au burin a été cultivée par beaucoup d’autres maîtres, qui, sans avoir atteint la perfection de ceux dont nous avons parlé plus haut, ont néanmoins puissamment contribué par leurs travaux à faire connaître les ouvrages des peintres fameux aux gens d’au delà des montagnes, et aux personnes qui ne pouvaient se transporter dans les villes où se trouvaient les originaux. Bien que beaucoup de ces estampes soient mal venues, à cause de l’avidité des imprimeurs, qui songeaient plus à l’argent qu’à l’honneur, il y en a quelques-unes cependant qui sont dignes d’éloges, comme, par exemple, le Jugement dernier de Michel-Ange Buonarroti, gravé par Giorgio de Mantoue[1] ; le Crucifiement de saint Pierre et la Conversion de saint Paul, gravés d’après les peintures de la chapelle Pauline, par Giovambatista de’Cavalieri, auquel on doit également la Méditation de saint Jean-Baptiste, la Descente de Croix de Daniele Ricciarelli de Volterra, peinte dans l’église de la Trinité de Rome, une Vierge environnée d’anges et une infinité d’autres pièces.
Plusieurs gravures ont aussi été faites d’après Michel-Ange, pour le compte de Antonio Lanferri[2], qui a employé nombre de graveurs et d’imprimeurs à cet effet, et qui a publié des livres pleins de poissons de toute sorte, le Phaéton, le Titus, le Ganymède, les Tireurs d’arc, la Bacchanale, le Songe, la Pietà et le Crucifix, d’après les originaux exécutés par Michel-Ange pour la marquise de Pescara, et de plus les quatre Prophètes de la chapelle, et une foule d’autres sujets gravées et tirés si horriblement que je juge à propos de taire les noms des graveurs et des imprimeurs. Si je nomme Antonio Lanferri et Tommaso Barlacchi, c’est qu’ils ont employé bon nombre de jeunes gens à graver des grotesques, des temples antiques, des corniches, des bases, des chapiteaux et divers fragments d’architecture avec leurs mesures. Ces pitoyables ouvrages indignèrent Sebastiano Serlio, de Bologne, qui grava alors en bois et sur cuivre deux livres d’architecture dédiés à Henri, roi de France, et où l’on remarque, entre autres choses, trente portes d’ordre rustique, et vingt plus soignées. Pareillement Antonio Labacco a publié tous les antiques de Rome avec leurs mesures finement et habilement gravées par un artiste pérugin. Jacopo Barozzi da