roi de Naples. La paix conclue, on décide la guerre contre les Orientaux ; Aeneas, de retour à Rome, est fait cardinal par le pape[1]. Le septième renferme l’exaltation d’Aeneas à la papauté, sous le nom de Pie II, après la mort de Calixte. Dans le huitième, le pape va au Concile de Mantoue, assemblé à cause de la guerre contre les Turcs ; le marquis de Lodovico le reçoit avec un splendide apparat et une magnificence incroyable. Dans le neuvième, le pape canonise Catherine de Sienne, religieuse et sainte femme, de l’ordre des Frères Prêcheurs. Dans le dixième et dernier tableau, on voit Pie II mourant à Ancóne, après avoir rassemblé, avec l’aide de tous les princes chrétiens, une puissante armée contre les Turcs. Un saint ermîte camaldule aperçoit, comme on le raconte, l’âme du pape portée au ciel par des anges, au moment précis de sa mort. On voit dans le même panneau la translation du corps de Pie II d’Ancóne à Rome, au milieu d’une foule de prélats et de seigneurs qui pleurent la mort de ce grand homme, de ce rare et saint pontife. Cet ouvrage est plein de portraits de personnages du temps, dont il serait trop long de citer les noms. Il fut exécuté avec des couleurs d’une finesse et d’un éclat merveilleux et orné de riches dorures. Au bas de chaque panneau est une inscription latine qui en explique le sujet.
Le cardinal Francesco Piccolomini, neveu de Pie II, plaça au milieu de la Librairie le groupe en marbre des Trois Grâces[2], ancien et très beau, le premier antique qui, dans ce temps, fut estimé de grand prix. Cette Librairie, dans laquelle sont tous les livres que laissa Pie II, était à peine terminée lorsque le cardinal Francesco fut créé pape, sous le nom de Pie III, qu’il voulut prendre en mémoire de son oncle. Pinturicchio peignit, dans une grande histoire, au-dessus de la porte de la Librairie qui donne dans la cathédrale, le Couronnement du pape Pie III[3] : je dis une grande histoire, parce qu’elle tient toute la largeur de la paroi. Du temps du pape Sixte, Pinturicchio avait travaillé à Rome, quand il y était avec Pietro Perugino et où il s’était mis au service de Domenico della Rovere, cardinal de San Clemente. Ce cardinal, ayant fait construire un fort beau palais, dans le Borgo Vecchio, voulut que Pinturicchio le peignît en entier et fît sur la façade les armes du pape Sixte, soutenues par deux enfants. Il peignit, de même, quelques œuvres pour Sciarra de Colonna, dans le