les Apôtres ; cette gravure, de plus grand format, est une de ses meilleures. Une autre représente la Tentation de saint Antoine, tourmenté et porté dans les airs par une infinité de démons, sous les formes les plus variées et les plus bizarres que l’on puisse imaginer ; elle plut tellement à Michel-Ange dans sa jeunesse, qu’il se mit à la reproduire en peinture.
Après Martin, Albert Durer[1], d’Anvers, commença, avec plus de dessin, un meilleur jugement et de plus belles inventions, à produire de pareilles estampes, s’efforçant d’imiter la nature et de se rapprocher du style italien qu’il tint toujours en haute estime. Étant encore fort jeune, il grava de sa main, en les signant de son nom[2], plusieurs œuvres qui furent regardées comme aussi belles que celles de Martin. L’an 1503, il publia une petite Vierge où il se montra supérieur à lui-même et à Martin, et ensuite plusieurs feuilles renfermant chacune deux chevaux dessinés d’après nature et extrêmement beaux. Il fit pareillement l’Enfant prodigue, lequel, en costume de paysan et agenouillé, les mains jointes, lève les yeux au ciel, tandis que des pourceaux confiés à sa garde mangent dans une auge ; des constructions dans le genre allemand, très belles, forment le fond du paysage. Il fit un petit saint Sébastien lié, les bras au-dessus de la tête, et une Vierge assise avec l’Enfant Jésus à son cou, et éclairée de dos par une fenêtre ; comme petite planche, on ne saurait voir plus beau. On lui doit aussi une femme flamande à cheval, escortée par un valet à pied, puis une grande planche représentant une nymphe enlevée par un monstre marin, pendant que ses compagnes se baignent ; dans la même grandeur, Diane frappant une nymphe qui s’est jetée pour être défendue dans les bras d’un satyre[3] ; dans ce dernier sujet, qui est buriné avec une habileté parfaite, Albert Durer voulut montrer qu’il savait rendre le nu.
Bien que ces maîtres étrangers fussent alors très estimés dans leur pays, chez nous autres Italiens, leur œuvres ne sont estimées qu’à cause de la précision de leurs tailles ; je crois volontiers cependant qu’Albert Durer était dans l’impossibilité de faire mieux, parce qu’il n’avait d’autre facilité, quand il voulait faire des nus, que de travailler d’après des modèles de son pays qui devaient être mal bâtis, comme la plupart des Allemands, bien que beaucoup de ces gens-là aient une superbe tournure, lorsqu’ils sont couverts de leurs habits. Il grava en petit diverses