commune ou pour des particuliers, à Florence, sa patrie, d’où il s’en alla ensuite à Rome, où il se consacra, avec beaucoup d’application, à l’étude de l’architecture.
De retour à Florence, il éleva plusieurs arcs de triomphe en bois, lors de la venue du pape Léon X. Ces travaux ne l’empêchèrent pas de tenir ouverte sa boutique. Aussi, l’hiver, des citoyens distingués et les premiers artistes de l’époque, tels que Raphaël d’Urbin, dans sa jeunesse, Andrea Sansovino, Filippino, le Maiano, le Cronaca, Antonio et Giuliano da San Gallo, le Granacci, et d’autres jeunes gens, florentins ou étrangers, s’y rassemblaient pour tenir de beaux discours et discuter d’importance sur les arts ; Michel-Ange y prenait part aussi, mais plus rarement.
S’étant donc consacré de cette manière à l’architecture et ayant fait quelques essais de ce qu’il savait, il commença à être en crédit à Florence, au point que les constructions les plus considérables de l’époque lui furent confiées. Piero Soderini étant gonfalonier, Baccio, avec le Cronaca et d’autres architectes, fut appelé aux délibérations[1] qui eurent lieu au sujet de la grande salle du palais ; il y sculpta de sa main, et sur le dessin de Filippino, le cadre en bois du grand tableau ébauché par Fra Bartolommeo. En compagnie des mêmes artistes, il fit l’escalier qui conduit à la grande salle, ainsi que les colonnes et les portes de marbre de la salle que l’on appelle aujourd’hui celle des Deux-Cents.
Sur la Piazza di Santa Trinità, il construisit un palais très orné à l’intérieur[2], pour Giovanni Bartolini, puis il dessina les jardins de Gualfonda pour le même[3]. Comme ce palais fut le premier édifice où l’on vit des fenêtres carrées ornées de frontons, et la porte accompagnée de colonnes soutenant l’architrave, la frise et la corniche, cette innovation de Baccio lui attira le blâme des Florentins, qui l’accablèrent de railleries et de sonnets satiriques. Ils attachèrent à la façade des guirlandes de feuillages, comme on fait aux églises les jours de fête, disant que son bâtiment avait plutôt la forme d’une église que d’un palais. Baccio fut sur le point de perdre la tête ; toutefois il passa outre, en songeant qu’il était dans la bonne voie et que son édifice se tenait. À la vérité, la corniche de tout le palais a trop de hauteur, mais le monument a toujours été fort admiré.