l’étonnement qu’éprouvent les assistants de voir un homme rendre la vie à une morte par un simple signe de croix. Le plus étonné de tous est un prêtre ou philosophe, qui tient un vase à la main et qui est vêtu a l’antique. Pareillement dans cette fresque, au milieu de plusieurs femmes diversement costumées, un enfant, effrayé par un petit épagneul tacheté de rouge qui tient sa robe avec les dents court vers sa mère et se cache dans ses vêtements, paraissant avoir aussi peur d’être mordu par le chien que sa mère est épouvantée et pleine d’une certaine horreur en voyant la résurrection de Drusiana. Dans la fresque suivante, qui représente saint Jean condamné à bouillir dans l’huile on voit la colère du juge qui ordonne d’augmenter la violence du feu et la réverbération des flammes sur le visage de celui qui souffle. Sur l’autre paroi est saint Philippe, dans le temple de Mars, qui fait sortir de dessous l’autel le serpent dont la puanteur fait mourir le fils du roi. Dans l’escalier où est pratiqué le trou par où sort le serpent, le peintre représenta si bien la rupture d’une marche, qu’un soir un des élèves de Filippo courut toute en hâte pour y mettre je ne sais quel objet qu’il voulait dérober à la vue d’un visiteur qui frappait à la porte, et ne s’aperçut qu’alors de son erreur. Le serpent qui jette du venin, du feu et de la puanteur, paraît également plutôt vivant que peint. On admire encore beaucoup le Crucifiement de saint Philippe. Le peintre imagina, par ce que l’on en voit, que le saint fut étendu sur la croix posée à terre et que celle-ci fut ensuite dressée à l’aide de câbles qui s’enroulent autour de pilastres et de fragments de ruines antiques, et sont tirés par les bourreaux. Un autre enfourche la croix avec une échelle, pour la soutenir, et un autre se sert d’un énorme pieu, en guise de levier, pour la pousser dans le trou en terre destiné à la recevoir. Cette fresque, dont le dessin et l’invention ne laissent rien à désirer, est entourée de grotesques et d’autres choses peintes en couleur de marbre très originales, très belles de dessin et d’invention. Filippo fit aussi pour les moines Scopetini, à San Donato hors de Florence, couvent aujourd’hui détruit, un tableau représentant l’Adoration des Mages[1], dans laquelle il reproduisit les traits de plusieurs membres de la famille Médicis ainsi que des Maures, des Indiens, des costumes bizarrement arrangés et une cabane très singulière. Au Poggio à Caiano, il commença, dans une loggia, pour Laurent de Médicis, un Sacrifice, peint à fresque[2], qui resta inachevé. Pour
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