Raphaël était d’un tempérament amoureux, très porté sur les femmes et empressé à les servir, ce qui fut cause que, se livrant à ses plaisirs, il rencontra chez ses amis plus d’indulgence et de complaisance peut-être qu’il ne convenait. Agostino Chigi, son ami intime, lui faisant peindre la première galerie de son palais[1], Raphaël ne pouvait se consacrer beaucoup à ce travail, à cause de l’amour qu’il portait à une femme. En sorte qu’Agostino se désespérait et que, par le moyen d’autrui et par d’autres expédients, il eut peine à obtenir enfin que cette femme vînt habiter chez lui, dans le lieu même où Raphaël travaillait ; grâce à cet arrangement, l’ouvrage parvint à sa fin. Il y fit tous les cartons et peignit lui-même plusieurs figures à fresque. Sur la voûte, il représenta l’Assemblée des dieux ; on y remarque nombre de formes et de draperies inspirées de l’antique et rendues avec un dessin et une grâce admirables. Il peignit aussi les Noces de Psyché, avec les serviteurs de Jupiter et les Grâces qui répandent des fleurs sur la table. Sur les pendentifs de la voûte, il figura plusieurs sujets, entre autres Mercure qui, en volant, paraît descendre du ciel, Jupiter embrassant Ganymède avec une gravité céleste, le char de Vénus, Psyché transportée dans l’Olympe par Mercure et les Grâces. Dans les lunettes des arcs qui font le tour du portique, on voit des Amours en raccourci, volant et portant les armes et les attributs des dieux, la foudre et les éclairs de Jupiter, les casques, les épées et les targes de Mars, les marteaux de Vulcain, la massue et la peau de lion d’Hercule, le caducée de Mercure, la cornemuse de Pan, les râteaux agrestes de Vertumne : tous ces enfants sont accompagnés d’animaux dont le caractère est en rapport avec les attributs qu’ils portent, peinture et poésie vraiment admirables. Il fit faire par Jean d’Udine un entourage aux sujets avec des assemblages de fleurs, de feuillage et de fruits en festons qui ne sauraient être plus beaux. Raphaël donna encore le dessin des écuries des Chigi et d’une chapelle qui appartenait à Agostino, dans l’église de Santa Maria del Popolo, dans laquelle, outre les peintures[2], on éleva un magnifique tombeau. Il fit faire à Lorenzetto, sculpteur florentin, deux statues qui sont encore dans son atelier, au Macello de Corbi à Rome[3]. Cet ouvrage échut à
- ↑ De la Farnésine. L’histoire de Psyché fut peinte par les élèves de Raphaël, sur ses dessins.
- ↑ Les dessins de Raphaël furent exécutés en mosaïque.
- ↑ Les deux statues de Lorenzo Lotto (un Élie et un Jonas), vraisemblablement sculptés d’après un modèle de Raphaël, sont en place dans la chapelle Chigi.