conversion. On ne saurait faire mieux dans ce genre et de même les têtes de saint Augustin et de saint Jean, évangéliste, sont très belles. En vérité, si le nom de peinture s’applique aux ouvrages des autres artistes, ceux de Raphaël peuvent être appelés des choses vivantes ; dans ses figures, la chair frémit ; on sent le souffle ; les sens sont en action ; en un mot, on y découvre une vivacité vivante. Outre la gloire qu’il avait déjà, cette œuvre lui attira une renommée infinie.
Raphaël fit ensuite un petit tableau, qui est maintenant chez le comte Vincenzio Ercolani, à Bologne, et qui représente un Christ en manière de Jupiter dans le ciel, environné des quatre Évangélistes sous la forme d’un homme, d’un lion, d’un aigle et d’un taureau, tels que les décrit Ezéchiel[1]. Le petit paysage, qui est au-dessous et doit représenter la terre, est d’une rare beauté et ce tableau est aussi beau dans sa petitesse que ses autres œuvres dans leur grandeur. Il envoya à Vérone, aux comtes de Canossa, un grand tableau de la même valeur, représentant la Nativité du Christ, qui renferme une sainte Anne et un effet d’aurore, admirables[2]. On ne saurait faire de cette œuvre un éloge plus complet que de dire qu’il sort de la main de Raphaël. Il fit à Bindo Altoviti, lorsqu’il était jeune, son portrait qui passe pour un chef-d’œuvre[3], et un tableau de la Vierge[4] qu’il envoya à Florence, que l’on voit aujourd’hui dans le palais du duc Cosme, sur l’autel de la chapelle des salles neuves. Il représente une sainte Anne vieille et assise qui présente à la Vierge son Fils dont la beauté de corps et les traits pleins de charme communiquent leur gaieté à quiconque les regarde. Il mit, en outre, dans la figure de la Madone toute la beauté que l’on peut imprimer à la physionomie d’une vierge : ses yeux expriment la modestie, son front la pureté de l’âme, sa bouche la grâce et la candeur, outre que ses vêtements sont tels qu’ils montrent une simplicité et une pudeur infinie ; enfin, je crois qu’il serait impossible de faire mieux. Il y a encore un saint Jean nu et assis, ainsi qu’une sainte non moins remarquable ; dans le fond, une fenêtre avec un rideau éclaire la chambre où se passe la scène.
Il fit à Rome un tableau de bonne grandeur, dans lequel il renferma les portraits du pape Léon X, du cardinal Jules de Médicis, et du cardi-