cartel : pour la beauté de son visage, correspondant à celle du corps, on ne saurait peindre d’enfant plus gracieux ni plus beau ; en outre, le paysage est unique comme perfection et beauté.
Continuant ensuite les chambres du Vatican, Raphaël représenta l’histoire du miracle du corporal d’Orvieto, ou de Bolsena[1], comme on l’appelle. On reconnaît sur le visage enflammé du prêtre, pendant qu’il dit la messe, la honte qu’il ressent de voir, à cause de son incrédulité, l’hostie distiller du sang sur le corporal ; hors de lui-même, les yeux hagards, devant toute l’assistance, il paraît rempli de confusion : le mouvement de ses mains rend admirablement le tremblement et l’effroi si naturels en pareille occasion. Raphaël groupa autour divers personnages, les uns servent la messe, d’autres, tant d’hommes que femmes, à genoux sur des degrés, troublés par la nouveauté de cet événement, font divers gestes dans de belles attitudes, quelques-uns exprimant le désir de s’avouer coupables. Une des femmes, assise à terre, dans le bas de la composition, tient un enfant à son cou et, entendant le propos que paraît tenir une de ses compagnes, au sujet de ce qui arrive au prêtre, se tourne, tout en écoutant, avec une grâce féminine, parfaitement appropriée et vivement rendue. De l’autre côté, se trouve le pape Jules, qui entend la messe, peinture admirable, où Raphaël reproduisit les traits du cardinal San Giorgio[2] et d’autres. Dans la partie interrompue par la fenêtre, il plaça une montée à deux rampes, que le sujet laisse apercevoir en entier, et on peut se rendre compte que, si le vide de la fenêtre n’existait pas, il s’ensuivrait un mauvais effet. On peut donc dire avec raison que, dans la composition de quelque sujet que ce soit, jamais personne ne s’est montré, en peinture, plus savant ni plus habile que lui, comme le montre encore la peinture placée vis-à-vis et représentant saint Pierre en prison par l’ordre d’Hérode et gardé par des hommes en armes[3]. L’architecture du cachot est si grande et simple, que les autres artistes, comparés à Raphaël, semblent en vérité mettre dans leurs ouvrages plus de confusion encore qu’il n’y met de beauté. Sans cesse il s’est efforcé de représenter les sujets tels que l’histoire nous les décrit, et d’y unir la grâce à la perfection. Qu’il a bien rendu l’horreur du cachot, dans lequel le vieillard est attaché avec des chaînes de fer et gardé par deux