chairs et des choses naturelles, qui se plient et font divers mouvements. Il ajoutait qu’Andrea aurait mieux fait ses figures et qu'elles auraient été plus parfaites s’il les avait peintes couleur de marbre et non pas de couleurs variées ; que ses peintures n’avaient pas la ressemblance d’objets vivants, mais de statues antiques en marbre ou d’autres choses semblables. Ces reproches piquèrent vivement Andrea mais, d’un autre côté, ils lui furent d’une grande utilité, parce que, reconnaissant qu’il y avait du vrai dans le dire du Squarcione, il se mit à travailler d’après le modèle et y réussit si bien que, dans une fresque qui lui restait à faire dans la dite chapelle, il montra qu’il savait tirer du modèle vivant autant de bien que des productions de l’art. Néanmoins, il ne cessa jamais de croire que les belles statues antiques étaient plus parfaites et avaient de plus belles parties que ne montre la nature. Ces excellents maîtres, d’après ce qu’il pensait et croyait voir dans ces statues, ont tiré de plusieurs modèles vivants toute la perfection de la nature qui rarement accompagne et rend manifeste la beauté dans un seul corps ; il est donc nécessaire de prendre une partie à l’un, une partie à l’autre. En outre, les statues lui semblaient plus finies et indiquer plus exactement les muscles, les veines, les nerfs qui sont recouverts par les chairs et qui ne se découvrent guère que chez les vieillards ou chez les gens décharnés, dont les peintres évitent de reproduire les corps, en outre pour d’autres raisons. On reconnaît qu’il s’est complu dans cette opinion pour toutes ses œuvres, dans lesquelles sa manière paraît toujours un peu tranchante et se rapprochant plus de la pierre que de la chair vive. Quoi qu’il en soit, dans cette dernière fresque, qui plut infiniment, il reproduisit le Squarcione sous les traits d’un soldat corpulent, qui a une lance et une épée à la main, et, entre autres portraits d’hommes illustres de son temps, il se représenta lui-même[1]. En somme, cette œuvre, par sa beauté, lui valut une grande renommée.
Pendant qu’il travaillait à cette chapelle, il peignit encore un tableau[2] qui fut placé à l’autel de saint Luc, dans l’église de Santa Giustina, et après, il peignit à fresque l’arc au-dessus de la porte de Sant’Antonio, où il inscrivit son nom[3].
Il fit, à Vérone, un tableau pour l’autel de San Cristofano et de Sant’