qui sont réellement vivants, Tibaldeo[1] et une infinité de modernes. Toute cette histoire est peinte avec une grâce extrême et terminée à la perfection.
Sur une autre paroi, Raphaël représenta le ciel, avec le Christ, la Vierge, saint Jean-Baptiste, les Apôtres, les Evangélistes et les Martyrs sur les nuages, avec au sommet Dieu le Père, qui envoie l’Esprit saint sur tous, et particulièrement sur une foule de bienheureux qui adoptent le sacrifice de la Messe et disputent au sujet de l’Eucharistie placée sur l’autel. Parmi ces derniers, sont les quatre Docteurs de l’Eglise, qui ont autour d’eux une infinité de saints, à savoir : saint Dominique, saint François, saint Thomas d’Aquin, saint Bonaventure, Scot, Nicolo de Lira, Dante, Fra Girolamo Savonarola, et tous les théologiens chrétiens, dont quantité sont peints d’après nature. Dans les airs, quatre enfants tiennent ouverts les Evangiles ; aucun peintre n’aurait pu former avec leurs figures chose plus gracieuse, ni de plus grande perfection. Les saints assis en cercle dans les airs, outre qu’ils paraissent vivants, sont vraiment mis en raccourcis et en perspective, de manière qu’ils ne seraient pas plus vrais s’ils étaient en relief ; ils sont en outre drapés très diversement avec de beaux plis dans les étoffes, et leurs têtes reflètent un air plus céleste qu’humain, comme on le voit dans celle du Christ, qui est pleine d’autant de clémence et de piété que la représentation de la Divinité peut le montrer aux humains. Vraiment Raphaël reçut de la nature le don de douer les têtes d’un air infiniment doux et gracieux, comme le prouve encore la Vierge qui, les mains posées sur son sein, regarde et contemple son Fils ; ajoutons qu’il donna à l’ensemble une grandeur admirable, en imprimant aux saints Patriarches le caractère solennel de l’antiquité, aux Apôtres celui de la simplicité, aux Martyrs celui de la foi. Mais il montra encore plus de savoir et de génie dans les saints Docteurs chrétiens groupés de différentes manières, et discutant sur le sujet. Leurs têtes expriment bien une certaine curiosité, le tourment qu’ils éprouvent, en voulant atteindre la certitude de ce qui les tient en doute, appuyant leurs discussions de gestes, les oreilles attentives et les sourcils froncés ; seuls les quatre Docteurs de l’Eglise, illuminés par l’Esprit saint, résolvent et dénouent toutes les difficultés, à l’aide des Saintes Ecritures que soutiennent les enfants qui volent dans les airs. Sur la face où est l’autre fenêtre, on voit d’un côté Justinien donnant les lois aux Docteurs qui les corrigent et au-dessus la Tempérance, la Force et la Prudence ;
- ↑ Musicien et poète peu connu qui avait débuté par la médecine. Mort en 1537.