et levant l’epée ; accompagnée, comme les autres, d’enfants d’une suprême beauté, elle surmonte le sujet de la jurisprudence. Dans les angles de la voûte sont quatre compartiments renfermant des sujets dessinés et peints avec le plus grand soin, mais dont les figures ne sont pas très grandes. Dans le premier compartiment, pour répondre à la figure de la Théologie, Raphaël a représenté le Péché originel. À l’école d’Athènes correspond l’Astrologie, posant les étoiles fixes et errantes à leur place. Relativement au Parnasse, on voit Marsyas qu’Apollon fait écorcher à un arbre. Enfin, à la peinture des Décrétales correspond le jugement de Salomon, quand il veut faire couper en deux un petit enfant. Ces quatre sujets sont pleins de sens et de sentiment ; ils sont exécutés avec un dessin excellent et un coloris charmant.
La description de la voûte terminée, il nous reste à décrire ce que Raphaël peignit, paroi par paroi, au bas des choses indiquées ci-dessus. Sur la paroi qui est du côté du Belvédère, où se trouvent représentés le mont Parnasse et la fontaine d’Hélicon, il fit, autour de cette montagne, une forêt ombreuse de lauriers, dont le vert feuillage semble doucement agité par un vent frais. Dans les airs, une infinité de petits Amours nus, ayant d’admirables visages, cueillent des rameaux de lauriers, en font des guirlandes, et les jettent çà et là sur la montagne. Il semble vraiment qu’un soufile divin s’exhale de la beauté des figures et de la noblesse de cette peinture, qui plonge dans l’admiration celui qui la regarde attentivement, et l’on ne peut comprendre comment il a été possible à un homme, avec les moyens imparfaits dont nous disposons, de forcer, grâce à l’excellence du dessin, des choses peintes à paraître vivantes. Ils sont également très vivants, ces poètes qu’on voit çà et là sur la montagne, les uns debout, d’autres assis, écrivant ou raisonnant, chantant ou discourant entre eux, par groupes de quatre ou de six, suivant qu’il a paru bon à Raphaël de les assembler. On y voit reproduits au naturel tous les plus fameux poètes, anciens et modernesqui vécurent jusqu’à son époque, et dont les portraits furent extraits, soit de médailles, de statues ou de peintures antiques, soit d’après l’original, pour les contemporains que Raphaël put peindre vivants. En commençant d’un côté, il y a Ovide, Virgile, Ennius, Tibulle, Catulle, Properce, Homère aveugle et chantant, la tête levée, ses vers qu’un autre écrit à ses pieds. Viennent ensuite, toutes en un groupe, les neuf Muses et Apollon, avec tant de beauté et de divinité dans les figures que la grâce et la vie émane de leur soufile, puis la docte Sapho, le divin Dante, le gentil Pétrarque, l’amoureux Boccace,