le plus possible, quand il s’agissait de peinture et de sculpture, auxquelles il se plaisait beaucoup, lui fit faire son portrait et celui de sa femme[1]. Raphaël fit encore, pour Domenico Canigiani, un tableau[2] représentant la Vierge et l’Enfant Jésus accueillant avec joie le petit saint Jean porté par sainte Élisabeth qui, tout en le soutenant, regarde expressivement saint Joseph ; celui-ci, les deux mains appuyées sur un bâton, incline la tête vers elle, en s’émerveillant et en louant Dieu d’avoir permis à une vieille femme d’avoir un si petit enfant. Tous deux paraissent étonnés en voyant avec quel sens, dans un âge si tendre, les deux petits cousins se font fête, l’un révérant l’autre. Ce peintre excellent étudia à Florence les anciennes peintures de Masaccio ; ce qu’il vit des travaux de Léonard de Vinci et de Michel-Ange le fit encore étudier davantage, et, par suite, perfectionner sa manière d’une façon extraordinaire. Il se lia en outre d’une étroite amitié avec Fra Bartolommeo de San Marco, dont il cherchait à imiter le coloris qui lui plaisait infiniment, tandis qu’en revanche il enseignait les règles de la perspective à ce bon père qui ne s’y était pas attaché jusqu’alors.
Mais, au plus fort de cette intimité, Raphaël fut rappelé à Pérouse où, d’abord, il acheva, à San Francesco, le tableau de Madonna Atalanta Baglioni, dont il avait fait le carton à Florence, comme nous l’avons déjà dit. Cette divine peinture, qui a encore la fraîcheur d’un ouvrage qui vient d’être terminé, représente une Déposition du Christ au tombeau[3]. Raphaël imagina, dans la composition de cette œuvre, la douleur qu’éprouvent les parents les plus proches et les plus aimants en déposant au tombeau le corps d’une personne très chère et par laquelle on peut vraiment constater la grandeur, l’honneur et l’union de toute une famille. On y voit la Vierge évanouie, et les têtes de tous les personnages sont gracieuses dans leur douleur, particulièrement celle de saint Jean, qui, les mains croisées, baisse la tête d’une manière à remplir de pitié le cœur le plus dur. En vérité, celui qui considère le soin, l’amour, la grandeur d’art et la grâce dont cette œuvre est pleine, peut s’émerveiller à bon droit, parce qu’elle remplit d’étonnement qui la regarde, pour la majesté des figures, la beauté des draperies, et, en somme, par l’extrême bonté de toutes ses parties.