temps [1]. Via de’ Servi, dans la maison de Giovanni Vespucci, qui appartient aujourd’hui à Piero Salviati, il fit tout autour d’une chambre plusieurs cadres entourés d’ornements en noyer, et qui renferment quantité de figures aussi belles que vivantes. Dans la maison Pucci, il représenta en petites figures la nouvelle de Boccace roulant sur Nastagio degli Onesti, en quatre tableaux[2] de peinture vive et gracieuse, et dans un cadre rond l’Epiphanie[3]. Dans une chapelle des moines de Cestello, il fit un tableau de l’Annonciation[4], et, près de la porte latérale de San Pietro Maggiore, tableau pour Matteo Palmieri, avec un nombre infini de figures ; il représente l’Assomption de la Vierge[5], avec le ciel divisé en zones, où l’on voit les Patriarches, les Prophètes, les Apôtres, les Evangélistes, les Martyrs, les Confesseurs, les Docteurs, les Vierges et les Hiérarchies, le tout sur le dessin qui fut donné à Sandro par Matteo, qui était lettré et homme de talent ; il peignit ce tableau avec une maîtrise et un soin infinis. Dans le bas, Matteo est représenté à genoux, ainsi que sa femme. Bien que cette œuvre soit admirable, et qu’elle eût dû vaincre l’envie, il se trouva pourtant des gens de mauvaise foi et des détracteurs qui, ne pouvant lui nuire autrement, dirent que Matteo et Sandro s’étaient rendus gravement coupables d’hérésie. Que cela fût vrai ou faux[6], je n’ai pas à juger, mais j’estime que les figures que Sandro exécuta sont vraiment dignes d’éloges, qu’il dut éprouver une peine extrême à tracer les cercles des cieux, à peindre séparément tous ces anges, ces figures en raccourci, ou dans diverses positions, enfin que le tout fut exécuté avec un dessin excellent.
À la même époque, il lui fut alloué un petit tableau dont les figures ont trois quarts de brasses, représentant l’Adoration des Mages[7], et qui fut placé à Santa Maria Novella, entre les deux portes, sur la façade principale, à gauche quand on entre par la porte du milieu. Le vieux roi qui baise le pied de Notre-Seigneur, et montre par sa tendresse avoir atteint le but de son long voyage, est le meilleur portrait que l’on puisse trouver de Cosme l’Ancien de Médicis. Le second est Giuliano, père du pape Clément VII ; c’est celui qui se prosterne dévotement devant l’Enfant, et lui offre son présent. Le troisième, également age-