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que possédait Mathias Corvin, furent achetés, après la mort de ce prince, par Laurent le Magnifique, et augmentèrent la célèbre collection destinée à la bibliothèque que l’on doit au pape Clément VII[1].

De maître miniaturiste étant devenu peintre, Gherardo composa un grand carton pour les Evangélistes qu’il avait à exécuter en mosaïque dans la chapelle de San Zanobi. Avant que Laurent de Médicis lui ait procuré ce travail, pour prouver qu’il entendait la mosaïque et qu’il était capable de travailler sans aide, il fit une tête de San Zanobi[2], grande comme nature, qui est restée à Santa Maria del Fiore, et que l’on expose comme une chose précieuse les jours de solennité[3], sur l’autel dédié à ce saint.

Pendant qu’il travaillait à ces ouvrages, arrivèrent à Florence plusieurs estampes dans la manière allemande, dues à Martin[4] et à Albert Durer. Ce genre de gravure lui plaisant infiniment, il se mit à en copier plusieurs au burin, avec beaucoup de succès. Il peignit aussi quantité de tableaux qu’il envoya hors de Florence. Il y en a un, à Bologne, dans l’église San Domenico, dans la chapelle de sainte Catherine de Sienne, et sur lequel cette sainte est parfaitement représentée[5]. À San Marco de Florence, il fit, au-dessus du tableau du Pardon, un demi-cintre plein de figures très gracieuses[6]. Autant tout le monde était satisfait de ses ouvrages, autant il en était mécontent lui-même, sauf de ses mosaïques. Dans ce genre de peintures, il fut plutôt le concurrent que le compagnon de Domenico Ghirlandaio, et s’il avait vécu plus longtemps, il serait devenu maître excellent, parce qu’il y travaillait volontiers et qu’il avait retrouvé en grande partie les secrets de cet art.

Plusieurs personnes veulent qu’Attavante ait été disciple de Gherardo, comme Stefano[7], autre miniaturiste florentin. Mais je suis certain, étant donné qu’ils vécurent à la même époque, qu’Attavante fut plutôt l’ami, le compagnon, le contemporain de Gherardo, que son disciple. En mourant, Gherardo laissa tous ses outils et ses procédés à Stefano, qui, s’étant mis à faire de l’architecture, abandonna l’art de la miniature et tout ce qu’il possédait dans ce genre à Boccardino

  1. C’est la Bibliothèque Laurentienne.
  2. Attribution douteuse.
  3. Le jour de la fête de San Zanobi.
  4. Martin Schœngauer.
  5. Tableau de l’école lombarde.
  6. N’existent plus.
  7. Miniaturiste et ingénieur militaire, 1465-1534.