usages, mais non à faire des statues. Ceux que les sculpteurs appellent saligni ressemblent à de la pierre congelée, comme offrant de ces brillants que l’on remarque dans le sel, et ils sont quelque peu transparents. On a assez de peine à en tirer des figures, parce que leur grain est gros et rude, et parce que, dans les temps humides, ils laissent échapper continuellement des gouttelettes d’eau comme s’ils suaient. On appelle campanini des marbres qui sonnent quand on les travaille, et qui donnent un son plus aigu que les autres. Ils sont durs, se fendent plus facilement que les autres marbres et s’extraient à Pietrasanta. Dans différentes carrières de Serravezza et à Campiglia, on extrait des marbres, qui pour la plupart sont excellents pour le travail rectangulaire, et quelquefois bons pour la statuaire. Dans le pays pisan, au Monte San Giuliano, on extrait pareillement un marbre blanc, qui tient de la pierre à chaux, et dont on s’est servi pour incruster extérieurement le Dôme et le Campo Santo de Pise, outre quantité d’ornements que l’on voit çà et là dans la ville. Comme le transport de ces marbres du Monte San Giuliano jusqu’à Pise était incommode et coûteux, et comme d’autre part le duc Cosme, tant pour assainir le pays que pour rendre plus facile le transport de ces marbres et d’autres pierres qu’on extrait de ces montagnes, a canalisé la rivière d’Osoli, et d’autres cours d’eau qui sortaient en plaine, au grand dommage du pays ; on pourra désormais amener, par le dit canal, les marbres travaillés ou non, sans grands frais, et pour la plus grande utilité de la ville. Pise, d’ailleurs a retrouvé presque entièrement son ancienne splendeur, grâce au duc de Cosme ; il n’a pas de souci plus grand que d’agrandir et de restaurer cette ville qui se trouvait en misérable état avant qu’il s’en fût rendu maître.
Il y a une autre pierre qu’on appelle le travertin, qui sert beaucoup pour la construction et pour différentes sculptures d’ornement. On l’extrait sur divers points de l’Italie, près de Lucques, de Pise et de Sienne, entre autres. Mais les meilleures pierres, celles qui offrent le plus de solidité et sont les plus belles, proviennent des bords du Teverone, à Tivoli. On dirait une espèce de congélation d’eau et de terre qui par sa crudité et sa température, non seulement congèle et pétrifie la terre, mais encore les troncs, les rameaux et le feuillage des arbres. Comme ces pierres renferment de l’eau, elles ne peuvent jamais se sécher, quand l’humidité les environne, et elles deviennent toutes poreuses, paraissant spongieuses et entièrement remplies de trous, tant à l’extérieur qu’à l’intérieur. Les anciens se servirent de cette pierre pour élever leurs plus admirables constructions et édifices,