vérité, on peut dire qu’aucun maître n’a autant produit que lui. Il’ acceptait tout travail, sans regarder s’il était vil ou précieux. Cette prodigieuse variété d’ouvrages, en ronde-bosse, en demi-relief, en basrelief, fut extrêmement utile à l’art ; parce que si, dans les beaux temps de l’antiquité grecque et romaine, il fallut les efforts de beaucoup d’artistes pour amener la sculpture à ce haut point de perfection, Donato, tout seul, la fit revivre de nos jours par la multitude de ses productions. Il posséda au plus haut degré le dessin, l’invention, la pratique, le jugement et, en un mot, tout ce qui caractérise un génie divin. Il avait une faciHté, une hardiesse et une rapidité d’exécution vraiment extraordinaires et ses œuvres ont toujours tenu bien au delà de ce qu’elles promettaient.
Dans sa jeunesse, Michelozzo[1] s’adonna, avec Donatello, à la sculpture et aussi au dessin et, quelques difficultés qu’il éprouvât, il tirait parti de la terre, de la cire et du marbre, de telle manière que, dans les œuvres qu’il produisit ensuite, il montra toujours beaucoup de savoir et d’habileté. Mais où il se surpassa, lui et beaucoup d’autres, c’est dans l’architecture, art dans lequel, après Brunellesco, il se montra le plus ordonné de son temps et le plus ingénieux dans la manière de disposer et de distribuer l’intérieur des palais, des couvents et des maisons particulières. Donatello se servit longtemps de lui, parce qu’il avait une grande pratique dans le travail du marbre et dans la fonte du bronze, ainsi que le prouve le tombeau du pape Giovanni Coscia[2], à San Giovanni de Florence. Il en exécuta la plus grande partie, ainsi qu’une statue en marbre de la Foi, haute de deux brasses et demie, en compagnie d’une Espérance et d’une Charité de la même dimension, dues au ciseau de Donatello et qui ne lui sont pas supé-
- ↑ Dans une déclaration de ses biens, il s’appelle Michelozzo di Bartolommeo di Gherardo ; quelquefois il ajoute Borgognoni. Il travailla d’abord, non avec Donatello, mais avec Ghiberti. [En 1442, aux portes de San Giovanni.] En 1427, dans le traité avec l’Arte del Cambio, pour la statue de saint Mathieu, il est dit : quando era compagno di Lorenzo di Bartoluccio.
- ↑ Existe encore. Voir la Vie de Donatello.