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formée de diverses pièces de bois assemblées avec tant de soin que celui qui considérera le mode employé dans cette œuvre pourra se rendre compte des idées originales qui lui passaient par la tête et de la grandeur de son esprit. Dans un couvent de religieuses, il fit un saint Sébastien en bois[1], à la demande de leur chapelain, son ami, qui était Florentin, et qui lui apporta un saint Sébastien vieux et grossier qu’elles avaient, en le priant d’en faire un semblable. Donato, tout en s’efforçant de l’imiter, pour contenter le chapelain et les religieuses, ne put s’empêcher d’y mettre de l’art et de la beauté. Il y ajouta plusieurs autres figures en terre et en stuc, et, d’un morceau de vieux marbre que les religieuses avaient dans leur jardin, il tira une Vierge fort belle. Il y a encore une foule d’ouvrages de sa main par toute la ville. Étant alors regardé comme un homme miraculeux et loué par tout homme d’esprit, il se décida à retourner à Florence, disant que, s’il restait plus longtemps à Padoue, il oublierait tout ce qu’il savait, recevant tant d’éloges de chacun, et qu’il retournerait volontiers dans sa patrie, où, étant sans cesse critiqué, ces critiques le forceraient à travailler davantage et, par conséquent, augmenteraient sa gloire. Il quitta donc Padoue, et, en passant à Venise, il laissa dans l’église des Frères Mineurs[2] un saint Jean-Baptiste en bois, qu’il exécuta avec un soin et une application extrêmes ; pour qu’on se souvînt de sa bonté, il en fit don à la colonie florentine de Venise qui le plaça dans leur chapelle de cette église. Dans la ville de Faenza, il sculpta en bois un saint Jean et un saint Jérôme[3], non moins estimés que ses autres ouvrages.

De retour en Toscane, il fit, dans l’église paroissiale de Montepulciano, un tombeau en marbre[4], orné d’un très beau bas-relief, et, à Florence, dans la sacristie de San Lorenzo, un lavabo également en marbre[5], auquel travailla Andrea Verrocchio. Dans la maison de Lorenzo della Stufa, il y a de lui quelques têtes et figures pleines de vivacité. De Florence, il se rendit à Rome pour chercher à imiter les antiques le plus qu’il pourrait, et, pendant ces études, il exécuta en pierre un tabernacle du Saint-Sacrement qui se trouve actuellement à Saint-Pierre[6].

  1. N’existe plus, de même que la Vierge sous-indiquée.
  2. Santa Maria de’ Frari. Le saint Jean existe encore, signé ; sculpté en 1451.
  3. Existent encore. Le saint Jean à la Libreria, l’autre, dans le couvent des Réformés.
  4. C’est celui de Bartolommeo Aragazzi, secrétaire de Martin V et mort en 1429. Existe encore. Donatello se fit aider dans ce travail par Michelozzo.
  5. Existe encore ; attribué aussi à Rossellino.
  6. Actuellement dans le Tempietto de San Pietro in Montorio.