lions qui cherchent à se mordre, la vélocité et la timidité des cerfs et des daims, ainsi que des oiseaux couverts de plumes et des poissons couverts d’écaillés qui sont tous pleins de vie. Il représenta ensuite la Création de l’homme et de la femme, et le Péché originel; dans cette œuvre il se plut à peindre les arbres, ce que les artistes d’alors ne réussissaient pas généralement. Le premier il perfectionna la peinture du paysage, qui de nos jours est arrivée à un si haut point, mais il ne put jamais lui donner cette souplesse et cette harmonie de couleurs qu’on a depuis obtenues par l’emploi des couleurs à l’huile. Il mit soigneusement en perspective tous les objets que lui offrait la nature, les champs, les labourés, les fossés, mais d’une manière sèche et tranchante, en sorte que, s’il s’était borné à ne représenter que les objets qui viennent bien en peinture, et à ne prendre que le mieux de la nature, ses compositions eussent été parfaites.
À la suite, de cette première fresque et au-dessous[1] de deux autres qui ne sont pas de sa main, il fit le Déluge[2], avec l’arche de Noé, et dans cette composition il représenta les morts, la tempête, la fureur des vents, les éclairs, la chute des arbres et la terreur des hommes, avec une telle vérité qu’on ne saurait imaginer rien de mieux. En particulier, on remarque un cadavre, en raccourci, auquel un corbeau arrache les yeux, et un enfant noyé, dont le corps plein d’eau est grandement ballonné. On y voit, également, les effets des passions humaines : deux cavaliers qui combattent, sans songer à l’eau qui les menace ; la peur de mourir d’un homme et d’une femme, montés sur un buffle, qui, se remplissant d’eau, ne leur laisse aucun espoir de se sauver. Au-dessous de cette scène terrible, figurée avec un art merveilleux. Paolo peignit Noé ivre et tourné en dérision par son fils Cham (sous les traits duquel il représenta Dello, son ami, peintre et sculpteur florentin), et recouvert respectueusement par Sem et Japhet, ses autres fils. Il plaça, en perspective, un tonneau qui roule, ce qui fut beaucoup admiré, et une treille chargée de raisins, mais il commit une erreur qui m’étonne chez un homme aussi savant : la ligne des pieds des figures, celles de la treille et du tonneau ne concourent pas au point de fuite comme elles devraient. Il représenta encore le sacrifice offert à Dieu par Noé et ses enfants, pendant que de l’arche ouverte, dont les planches sont bien tirées en perspective, s’échappent toutes sortes d’oiseaux, avec des raccourcis très naturels ; dans le haut.