et le bronze et de chercher s’il ne tirerait pas plus de fruit d’ailleurs. Considérant alors que la terre se laisse travailler facilement et sans fatigue, et qu’il fallait seulement trouver un moyen de rendre durables les ouvrages de ce genre, il fit tant d’essais différents qu’il arriva à les protéger des injures du temps, en les recouvrant d’un enduit vitrifié, composé d’étain, d’antimoine, de litharge et d’autres minéraux ou mixtures fondus au feu d’un fourneau spécial, qui rendait les œuvres en terre, pour ainsi dire, éternelles. Ce procédé, dont on peut dire qu’il fut l’inventeur, lui acquit une grande renommée et doit lui assurer la reconnaissance des siècles à venir. Ayant donc atteint le but qu’il s’était proposé, il voulut que ses premières œuvres fussent dans la cathédrale, pour laquelle il avait déjà travaillé, il fit une Résurrection du Christ[1], dans l’arc au-dessus de la porte en bronze qu’il avait faite pour la sacristie. Cet ouvrage fut admiré comme une chose vraiment rare, et engagea les fabriciens à demander à Luca que la porte de l’autre sacristie, située sous la tribune de l’orgue sculptée par Donatello, fût décorée de la même manière, en terre cuite ; il y représenta une Ascension du Christ[2], extrêmement belle. Bientôt, ne se contentant plus de cette invention, si belle et si utile, en particulier pour la décoration des endroits qui renferment de l’eau, où, par suite de l’humidité et pour d’autres raisons, on ne peut mettre de peintures. Luca pensa à autre chose et, au lieu de faire ses œuvres simplement en terre blanche, il trouva le moyen d’y ajouter des couleurs, au grand étonnement et à l’incroyable satisfaction de tous. Aussi le magnifique Piero di Cosimo de’ Medici, qui fut des premiers à demander à Luca des œuvres en terre colorée, lui fit ainsi faire toute la voûte en demi-relief d’un cabinet établi dans le palais que Cosme, son père, avait construit, comme on le dira, ainsi que le parquet, sur lesquels Luca figura diverses fantaisies, œuvre remarquable et très utile pour la saison d’été. Ce travail était alors si difficile, et Luca dut prendre de si grandes précautions dans la cuisson de la terre, qu’il est vraiment merveilleux d’avoir pu amener cette œuvre à un tel point de perfection que la voûte et le parquet paraissent être d’un seul morceau et non pas de morceaux assemblés.
La réputation de ces ouvrages se répandit non seulement en Italie, mais dans toute l’Europe et le nombre de ceux qui en demandaient était si grand que les marchands florentins faisaient travailler Luca sans relâche, pour son plus grand profit, et expédiaient de ses œuvres par