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qui représente un évangéliste assis, Niccolo fit preuve de beaucoup de talent ; elle fut couverte d’éloges, car jusqu’alors on n’avait rien vu de mieux. Il se rendit ensuite à Rome, sur la demande du pape Boniface IX, qui lui confia, comme au meilleur architecte de son temps, le soin de fortifier le château Saint-Ange et de lui donner une meilleure forme. De retour à Florence, il fit pour les maîtres de la Zecca, sur le coin d’Or San Michele qui regarde l’Arte della Lana, deux petites figures en marbre[1], que l’on plaça au-dessus de la niche qui contient le saint Mathieu, sculpté ultérieurement ; elles furent si bien réussies et s’adaptent si bien à la cime de ce tabernacle qu’elles furent et sont encore maintenant très estimées. Il parut, à tous, que Niccolo s’était surpassé dans ce travail, n’ayant rien fait de mieux jusque-là. Son crédit alors fut tel qu’il mérita d’être compté parmi ceux à qui l’on demanda un modèle pour les portes de bronze de San Giovanni. Il est vrai que son modèle ne fut pas accepté, et que le travail fut alloué à un autre, comme nous le dirons plus tard.

Niccolo alla ensuite à Milan, où il fut nommé directeur des travaux du Dôme[2] et où il laissa quelques sculptures qui plurent infiniment. Enfin, il fut rappelé dans sa patrie par les Arétins qui voulaient lui faire exécuter un tabernacle pour le Saint-Sacrement. Dans sa route de retour, il dut s’arrêter à Bologne et faire dans le couvent des Frères Mineurs le tombeau du pape Alexandre V, qui était mort dans cette ville[3]. Bien qu’il opposât une grande résistance, il dut se rendre aux prières de Messer Lionardo Bruni, Arétin, qui avait été le secrétaire favori de ce pontife. Il exécuta dans ce tombeau, où il représenta le pape au naturel. Il est vrai que, faute de marbre et de bonne pierre, il le fit, ainsi que l’ornementation et la statue du pape posée sur le sarcophage, en stuc et en terre cuite ; ce tombeau est derrière le chœur de l’église. Après avoir achevé ce travail, il tomba gravement malade, et ne tarda pas à mourir, à l’âge de 67 ans, l’an 1417[4]. On l’enterra dans l’église des Frères Mineurs.



    sculpteurs qui aurait produit la meilleure œuvre. Mais le contrat ne fut pas exécuté, car le saint Mathieu (deuxième chapelle à gauche) fut sculpté de 1409 à par Bernardo di Piero Ciuffagni (1381-1457)

  1. Existent encore ; elles représentent l’Ange de l’Annonciation et la Vierge, actuellement sans tête.
  2. On ne trouve pas son nom dans les Archives du Dôme. Un certain Niccolo Selli d’Arezzo est au service de G. Galeazzo Visconti (travaux de la Certosa).
  3. En 1410. Son tombeau a été transporté au cimetière de la Certosa.
  4. L’an 1420.