premier rang entre les œuvres de cette époque. C’est un assemblage de figures grandes et petites, d’anges et de prophètes en demi-relief, qui entourent la Madone et sont d’une exécution vraiment merveilleuse. Il en est de même des ornements, en bronze soigneusement poli, qui entourent et serrent le tout. Mais, pour se rendre compte combien Andrea s’efforça de montrer la finesse de son esprit dans ce siècle encore si grossier, il faut voir le grand bas-relief placé à la partie postérieure et qui représente, en figures hautes d’une brasse et demie, les apôtres assistant à la mort de la Vierge, tandis que, dans une auréole, elle monte au ciel entourée d’anges. Sous la figure de l’un de ces apôtres, l’Orcagna se représenta lui-même, vieux comme il était, la barbe rase, la tête couverte d’un chaperon, le visage plat et rond. Outre cela, il grava en bas du marbre ces mots : ANDREAS CIONIS PICTOR FLORENTINUS ORATORII ARCHIMAGISTER EXTITIT HUJUS, MCCCLIX. Il paraît que la loggia et le tabernacle coûtèrent 96.000 florins d’or[1], qui furent assurément très bien employés, car l’architecture, les sculptures et les ornements de ces édifices sont aussi beaux que n’importe quelle œuvre de cette époque, et rendront immortel le nom d’Andrea Orcagna.
Il avait coutume d’écrire au bas de ses peintures : Fece Andrea di Cione scultore ; et, au bas de ses sculptures : Fece Andrea di Cione pittore, voulant que la peinture se reconnut dans la sculpture, et inversement. Il y a par la ville quantité de tableaux de sa main, que l’on reconnaît soit à la signature, comme celui de San Romeo, soit à la manière, comme une peinture qui est dans le chapitre du monastère degli Angeli[2]. Quelques-uns qu’il laissa inachevés, furent terminés par Bernardo, son frère, qui lui survécut, mais pas longtemps[3].
Comme il se plaisait à faire des vers dans sa vieillesse, il adressa quelques sonnets au jeune Burchiello[4]. Finalement, il mourut en 1389[5], à l’âge de soixante ans, et fut porté, de sa maison de la Via Vecchia de Corazzai, au tombeau honorablement.
À la même époque que l’Orcagna vécurent quantité d’hommes de talent, tant sculpteurs qu’architectes, dont on ignore les noms, mais
- ↑ Vasari dans sa première édition et Ghiberti disent 86.000 florins d’or.
- ↑ Ces peintures sont perdues.
- ↑ Mort en 1365, avant Andrea.
- ↑ Qui lui fut bien postérieur ; mort en 1448.
- ↑ Un acte notarié de 1376 dit qu’il était déjà mort. Les archives de l’Arte del Cambio mentionnent qu’il était gravement malade en 1368 et qu’il ne put terminer un tableau que les Consuls de cet art lui avaient commandé, pour un pilastre d’Or San Michele. Son frère Jacopo en fut chargé le 25 août 1368.