s’arrêta à Sienne pour donner le dessin et jeter les fondations de la façade du Dôme qu’on devait orner de marbres richement sculptés [1], Agostino, qui n’avait pas plus de quinze ans, se mit sous sa direction à étudier la sculpture dont il connaissait déjà les premiers principes, et pour laquelle il se sentait autant d’inclination que pour l’architecture. Ainsi, sous la direction de Giovanni, et grâce à un travail assidu, il surpassa tellement tous ses condisciples que chacun l’appelait l’œil droit de son maître. Il résolut alors d’amener Agnolo, son plus jeune frère, à suivre son exemple et à se mettre sous les ordres de Giovanni. Il n’y eut pas de peine, car Agnolo, se trouvant continuellement avec Agostino et les autres sculpteurs, et voyant les honneurs ainsi que le profit qu’ils en retiraient, avait conçu un extrême désir de se consacrer à la sculpture ; aussi, avant qu’Agostino eût pensé à lui, avait-il fait quelques œuvres en cachette. Agostino se trouvant donc à travailler avec Giovanni à la table de marbre du maître-autel [2], dans l’évêché d’Arezzo, dont nous avons déjà parlé, fit en sorte qu’il y amena Agnolo qui, le travail terminé, fut jugé avoir égalé son frère en habileté. Aussi Giovanni les employa tous deux dans une foule de travaux, à Pistoia, à Pise et dans d’autres endroits. Comme ils étaient aptes aussi bien à l’architecture qu’à la sculpture, il ne se passa pas beaucoup de temps que, sous le gouvernement de Sienne par les Neuf, Agostino ne donnât, en 1308, le plan de leur palais, dans la Via di Malborghetto[3]. Cet édifice lui acquit une telle réputation dans sa patrie que, de retour à Sienne, après la mort de Giovanni, ils furent nommés tous deux architectes du gouvernement. En 1317, la façade septentrionale du Dôme fut élevée sous leur direction[4], et en 1321 fut commencée sur leurs plans la porta Romana, dans sa forme actuelle, qui fut terminée en 1326 et qui s’appelait auparavant porta San Martino. Ils refirent également la porta a Tufi, auparavant appelée porta di Sant’Agata all’Arco. La même année furent commencés, sur leurs plans, l’église et le couvent de San Francesco[5], avec l’assistance du cardinal de Gaete, légat apostolique.
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