louée, jusqu’à notre époque, par tout homme sachant apprécier quelque peu la sculpture.
Entre autre fils, Niccola en eut un appelé Giovanni, qui suivit toujours son père, et s’appliqua sous sa direction à l’architecture et à la sculpture, en sorte qu’en peu d’années il réussit non seulement à l’égaler, mais encore à le surpasser en certaines choses. Aussi Niccola, se sentant devenir vieux, se retira-t-il à Pise, pour y vivre tranquillement, et lui laissa la direction de tous ses travaux. Urbain IV étant mort à Pérouse[1], Giovanni fut appelé dans cette ville pour y faire le tombeau en marbre de ce pape. Ce tombeau et celui de Martin IV[2] furent détruits plus tard, quand les Pérugins agrandirent leur évêché, de sorte qu’il n’en reste plus que quelques fragments épars dans l’église. Dans le même temps, les Pérugins[3] ayant amené, au moyen de tuyaux de plomb, l’eau d’une source abondante, depuis le Mont Pacciano, loin de deux milles de la ville, entreprise qui fut dirigée par un moine des Silvestrini, Giovanni fut chargé de composer tous les ornements de la fontaine, tant en bronze qu’en marbre. Il disposa un triple rang de bassins, l’un au-dessus de l’autre, deux de marbre et un de bronze. L’inférieur repose sur un soubassement de douze degrés a douze pans : le bassin du milieu est porté par des colonnes qui posent sur le centre de celui d’en bas, et le troisième, qui est en bronze, a pour support un groupe de trois figures. Au milieu se trouvent des griffons en bronze qui jettent l’eau de tous les côtés. Comme il parut à Giovanni avoir bien réussi dans son travail, il grava son nom sur cette fontaine qui coûta cent soixante mille ducats d’or.
Après avoir achevé cet ouvrage, désireux de revoir son vieux père qui était vieux et malade, il quitta Pérouse pour retourner à Pise ; mais en passant par Florence, il fut obligé de s’y arrêter pour travailler avec d’autres aux moulins de l’Arno, qui s’élevaient à San Gregorio, près de la piazza de’ Mozzi. Finalement, ayant appris que son père était mort[4], il alla à Pise, où il fut accueilli avec honneur par les citoyens qui se réjouissaient de voir qu’il avait hérité du talent de son père aussi bien que de sa fortune. L’occasion d’éprouver ses talents s’étant présentée, on vit bien qu’on ne s’était pas trompé. En effet, quelques travaux étant à faire dans la petite, mais très riche église de Santa Maria della