passerons sous silence pour retourner à Niccola qui, pendant ce temps, s’adonnait, à Florence, non seulement à la sculpture, mais aussi à l’architecture, qui commençait à s’améliorer, des constructions s’élevant sur un meilleur dessin dans toute l’Italie, et particulièrement en Toscane. C’est ainsi qu’il contribua pour une bonne part à la construction de la Badia di Settimo, laissée inachevée par les exécuteurs testamentaires du comte Ugo de Brandebourg, ainsi que les six autres, comme nous l’avons dit ci-dessus. Bien qu’on lise sur une inscription en marbre du campanile de l’abbaye : Gugliel. me fecit[1], on reconnaît d’après le style que ce monument fut élevé sur les avis de Niccola, qui à la même époque fit à Pise le vieux palais degli Anziani, remplacé de notre temps par le couvent et le palais des Chevaliers de Saint-Étienne, dus à Giorgio Vasari, peintre et architecte d’Arezzo. Pise doit encore plusieurs autres palais et églises à Niccola, qui fut le premier, alors que la bonne manière de construire était perdue, à mettre en usage à Pise de fonder les édifices sur des pilastres unis entre eux par des arcs, après avoir établi ces pilastres sur de solides pilotis. En opérant autrement, si la première couche des fondations venait à s’enfoncer dans le sol peu consistant, les murailles s’écroulaient forcément, tandis que les pilotis donnent aux édifices une très grande solidité, comme l’expérience l’a montré. C’est sur son dessin que fut édifiée l’église San Michele in Borgo[2], appartenant aux moines des Camaldules. Mais l’œuvre la plus belle, la plus ingénieuse, en même temps que la plus originale qu’il ait jamais faite, est le campanile de San Niccola, à Pise, dépendant du couvent des Augustins[3]. Extérieurement il est octogone, et circulaire au dedans ; un escalier en spirale, au milieu duquel est un espace vide en forme de puits, conduit jusqu’au sommet. De quatre en quatre marches sont disposées des colonnes servant : de supports à des arcs rampants qui tournent autour du noyau. Comme la voûte de l’escalier repose sur ces arcs, la disposition est telle que ceux qui sont à terre voient constamment ceux qui montent, et inversement, que ceux qui sont a mi-chemin voient à la fois ceux qui sont en haut et ceux qui sont en bas. Cette capricieuse invention fut plus tard mise en œuvre, avec de plus justes mesures et plus d’ornement, sous Jules II, par Bramante, dans le Belvédère à Rome et d’après l’ordre de Clément VII, par Antonio da San Gallo, dans le
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LES VIES D’ARTISTES