moins perdu de sa perfection que les autres arts, on y voyait des parties qui avaient du bon. Dans le même temps, on agrandit l’église de Santa Maria in Grado en l’honneur du même moine Ilariano ; il l’avait, en effet, longtemps habitée, quand il alla avec Donato cueillir la palme du martyre.
VIII. — Mais comme le plus souvent, la fortune, après vous avoir amené au sommet de la roue, vous précipite ensuite en bas, soit pour se railler de vous, soit regrettant ses faveurs premières, il arriva après ces faits que presque toutes les nations barbares se soulevèrent contre les Romains, en divers lieux du monde, et il en résulta, au bout de peu de temps, non seulement l’abaissement de cet empire si grand, mais sa ruine totale, et particulièrement celle de Rome. Cette chute entraîna celle des meilleurs artistes, sculpteurs, peintres et architectes, qui laissèrent leurs arts et leurs personnes mêmes submergés dans l’immense désastre et la destruction de cette ville si célèbre. La peinture et la sculpture furent les premières à succomber, comme étant des arts qui servaient plus au plaisir des yeux qu’à autre chose. L’autre art, c’est à dire l’architecture, étant nécessaire et devant protéger les hommes, continua à vivre, mais il n’avait plus sa perfection et beauté anciennes. Et, si fortuitement les sculptures et les peintures n’avaient présenté aux yeux des générations les images de ceux dont elles devaient perpétuer la mémoire, le souvenir d’un de ces arts comme de l’autre se serait vite éteint. Quelques-unes de ces œuvres furent donc conservées, soit à cause de ceux qu’elles représentaient, soit à cause des inscriptions, aussi bien dans les édifices privés que dans les monuments publics, autrement dit, dans les amphithéâtres, les théâtres, les thermes, les aqueducs, les temples, les obélisques, les colisées, les pyramides, les arcs de triomphe, les entrepôts, les trésors, et finalement les sépultures elles-mêmes. Une grande partie de ces dernières furent détruites par ces hommes barbares et farouches, qui n’avaient de l’homme que la figure et le nom. Ce furent surtout, entre tous les autres, les Visigoths qui, ayant nommé Alaric leur roi, envahirent l’Italie et Rome[1], et la saccagèrent à deux reprises, sans rien épargner. Les Vandales, venus d’Afrique avec Genséric, leur roi[2], en firent autant. Non content de piller et d’exercer sa cruauté, il emmena les habitants en esclavage, les plongeant ainsi dans une misère infinie. Pareil sort advint à Eudoxie, veuve de l’Empereur Valentinien, qui avait été égorgé peu