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le xviiie siècle

recueil de ces très anciennes légendes, naïves et délicieuses, nées des sources même de l’âme française, avec lesquelles les mères de France bercent les petits enfants.

Turcaret ; Gil Blas

Le Sage (1668-1747) écrit, pour vivre, des comédies et des romans. Son Turcaret (1709), portrait d’un ancien laquais devenu fermier général, est la meilleure comédie qui ait été jouée depuis Molière. Le Sage s’y souvient sans doute de l’auteur du Misanthrope, mais, alors qu’il peint surtout des coquins, il les portraicture en souriant, sans se soucier d’aucune morale, avec un détachement dont Molière eut été incapable. Il montre dans ses romans (le Diable Boîteux, 1707 ; Gil Blas, 1715-1724-1735) la même impartialité, la même indifférence morale. Gil Blas passe par toutes les conditions sociales, de valet à ministre, traverse les mondes les plus divers. C’est pour l’auteur, un moyen de nous présenter une série de types variés, des caractères assez semblables à ceux de La Bruyère, mais enchassés dans une intrigue romanesque. Mais au lieu de la passion de La Bruyère, Le Sage ne montre qu’une grâce aisée, une ironie légère, une intelligence indulgente.

Les mémoires de Saint-Simon

Saint-Simon (1675-1755), duc et pair, avait vécu à Versailles pendant les dernières années du règne de