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le xviiie siècle

développement des sciences et dont les sciences viennent de révéler les mensonges ; à la monarchie qui vient d’entraîner la France aux pires désastres ; aux Anciens dont l’insuffisance scientifique est démontrée et qui ne peuvent servir de modèles qu’en matière de psychologie, genre dont on est fatigué. Tout ce mouvement peut se formuler ainsi : croyance absolue dans le progrès incessant de l’esprit humain.

Cet état d’esprit présidera à l’avènement d’une morale utilitaire, qui rendra ses droits à l’instinct, dans la mesure où celui-ci ne gêne pas la société ; et d’une littérature scientifique, soit que les écrivains mettent le public au courant des découvertes de la science, soit que, peignant des caractères, ils regardent l’homme avec leur raison autant qu’avec leur sensibilité.

Le style se pliera naturellement aux besoins nouveaux. Les œuvres n’étant plus dictées par le seul sentiment mais aussi par la raison, la phrase deviendra courte, précise.

Les précurseurs

On sent que Bayle, Fontenelle, La Bruyère, dont nous avons tracé dans le chapitre précédent des portraits rapides, étaient les précurseurs de ce mouvement.

Il faut encore citer Charles Perrault (1628-1703), qui s’attaqua résolument aux Anciens, exposa la loi du progrès et soutint que le siècle de Louis XIV égalait pour le moins le siècle de Périclès ou le siècle d’Auguste. Il est resté populaire pour ses Contes (1697)