Page:Les oeuvres de la pensee francaise Volume II.djvu/66

Cette page a été validée par deux contributeurs.
60
la seconde moitié du xixe siècle

nesques, fine comédie en vers alertes et amusés qui rappellent la manière de de Banville, mais avec plus de grâce et de souplesse ; en 1895, la Princesse lointaine ; en 1897, la Samaritaine, pièce biblique pleine de très beaux vers, et Cyrano de Bergerac, comédie héroïque à panache dont l’avènement fut un triomphe ; puis, en 1900, l’Aiglon, réplique mélancolique et hautaine à la grande épopée impériale illustrée par Hugo ; enfin en 1900 Chantecler, comédie symbolique, où la tradition d’Aristophane se mêle à celle du Roman de Renart. Le personnage principal, Chantecler, y symbolise l’effort humain vers un idéal de sérénité et de clarté.

Des tendances nouvelles qui ne se sont pas encore précisées, indiquent que l’avenir de la littérature française est gros de promesses. De nombreux talents jeunes se sont manifestés dans le roman, dans la poésie, au théâtre. Leurs essais font attendre des œuvres qui uniront les qualités verbales (souplesse et éclat) du romantisme, au souci de l’exactitude psychologique et documentaire que leur ont légué les naturalistes. La littérature semble vouloir rejeter peu à peu les conventions et les procédés pour les remplacer par une grande discipline d’esprit. Sincérité, précision, clarté s’emparent plus étroitement de la pensée et du sentiment. La forme s’efforce vers plus de pureté, vers plus de concision, vers plus de puissance expressive. Les tendances françaises d’aujourd’hui peuvent se résumer en deux mots : expression artiste de la vérité.



Imp. de Vaugirard, H.-L. Motti, directeur.