Page:Les oeuvres de la pensee francaise Volume II.djvu/64

Cette page a été validée par deux contributeurs.
58
la seconde moitié du xixe siècle

poésie doucement émue. La Comtesse de Noailles avec le Cœur innombrable (1901), les Éblouissements, les Vivants et les Morts, rajeunit le lyrisme qui semblait s’endormir et trouve des accents splendides.

Mais c’est le théâtre surtout qui concentre l’attention du public. André Antoine en créant, en 1887, le Théâtre Libre, a mis à la mode le goût de la vérité la plus réaliste dans les œuvres et dans la mise en scène. Autour de lui se sont groupés MM. Georges Courteline, dont la verve caustique, mais qui cache une grande amertume, nous montre la misère de l’âme humaine avec une grande pitié attendrie (Boubouroche, la Paix chez soi, etc.) ; Jules Renard, satiriste aigu, spectateur tristement ironique de la famille et du ménage (Poil de Carotte, 1900 ; Monsieur Vernet, 1903 ; la Bigote, 1909) ; François de Curel, dramaturge austère, qui s’applique à des sujets âpres (les Fossiles, la Fille sauvage, la Nouvelle Idole, le Repas du Lion, la Danse devant le Miroir) ; Brieux, qui défend généreusement les droits des faibles ; Porto-Riche, qui, avec Amoureuse (1891) et le Passé (1897), pièces sobres, graves, profondes, humaines, donne une vigoureuse impulsion à tout le théâtre du cœur ; Maurice Donnay qui fait avec un grand succès le même effort (Amants, 1895 ; l’Affranchie, 1898 ; Paraître, 1906…) ; Jules Lemaître (Le Pardon, 1895 ; la Massière, 1905), qui est en même temps un critique admirable d’intelligence et de pénétration ; Paul Hervieu, auteur de la Loi de l’Homme (1897), de la Course du Flambeau (1901), du Dédale (1904), pièces un peu rudes où les grandes