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la seconde moitié du xixe siècle

soif, où sont peintes les années de la Terreur. M. Anatole France cache sous une nonchalance et un scepticisme apparent un esprit d’une grande pénétration qui s’est attaché aux sujets les plus variés avec le même bonheur. C’est un ironiste délicat et un philosophe très subtil qui est un des plus grands maîtres de la pensée contemporaine. M. Pierre Loti (né en 1850), officier de marine, promène dans le monde entier une sorte de nostalgie très romantique qu’il nous conte dans un style clair et très musical. La série de ses livres est longue. Il faut surtout en retenir le Mariage de Loti (1880), Mon frère Yves (1883), Azyadé, Fantôme d’Orient, Pêcheurs d’Islande (1886), Madame Chrysanthème (1887), Ramuntcho (1897), etc.

M. Pierre Loti a peint avec beaucoup de couleur et une puissance d’évocation prodigieuse les paysages les plus divers au milieu desquels s’est déroulée sa vie aventureuse. Il dit ses sensations de poète attristé par la fuite du temps, la nostalgie des terres quittées, l’impossibilité de pénétrer vraiment les âmes étrangères. On peut dire qu’il est, de tous les contemporains, le seul qui se soit donné tout entier, sans se rallier à aucune école, à aucune formule, sans même se rattacher à aucune tradition.

Un Belge, M. Maurice Maeterlinck a écrit des petits drames (Pelléas et Mélisande, Intérieur, les Aveugles…), des poèmes (Serres chaudes) et des livres de philosophie et de morale (La vie des abeilles, la Sagesse et la Destinée, le Trésor des Humbles). Dans ces formes diverses, il a exprimé un peu de l’âme uni-