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la seconde moitié du xixe siècle

lière. D’autres pièces suivirent : les Lionnes pauvres (1858), les Effrontés (1861), le Fils de Giboyer (1862), Maître Guérin (1864), qui peignent le monde bourgeois et en dénoncent les deux grandes tares, vanité, amour de l’argent. La peinture d’Émile Augier est un peu étroite, un peu localisée dans le temps, mais elle est, certes, vigoureuse. Elle a supporté l’épreuve du temps. Un grand nombre de ces comédies attirent encore le public au Théâtre-Français.

Alexandre Dumas fils (1824-1895) se préoccupe surtout des questions morales et sociales. Il écrit des pièces à thèse, sur la condition de la courtisane (La Dame aux Camélias, 1852), des enfants naturels (le Fils Naturel, 1858), des femmes déclassées (le Demi-Monde, 1855), du monde de la Bourse (la Question d’argent, 1857). Dans ces œuvres ardentes, pleines d’esprit, il attaque l’argent, les mœurs, les préjugés, les lois ; toujours la thèse efface un peu les caractères, qui servent surtout à soutenir l’idée de l’auteur. Il faut encore citer l’Ami des Femmes (1864), les Idées de Madame Aubray (1867), la Princesse George (1871), Denise (1885). Le danger était que le moraliste ne finît par étouffer l’homme de théâtre. Dumas semble l’avoir senti. Sa dernière pièce, Francillon (1887), marque un retour très heureux vers la comédie de caractères, sans thèse et sans déclamation.

La voie était ouverte à la vérité. Henry Becque (1837-1899) s’y avança encore davantage. Avec les Corbeaux (1882) et la Parisienne (1885), il allait plus loin encore que ses devanciers dans le mépris des