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la seconde moitié du xixe siècle

satires. Il n’en est pas moins vrai que, soucieux d’aller chercher la poésie autre part que dans l’excès du coloris et dans l’enflure du sentiment, il la trouva souvent dans la vérité sobre de l’expression, dans le choix de sujets nouveaux que les poètes avaient dédaignés jusque-là. Il est peut-être le créateur de la poésie intimiste. Les Intimités (1868) sont un très beau recueil qui eut plus d’influence qu’on ne le croit sur la poésie d’aujourd’hui. Les Humbles (1872) contiennent de très beaux vers qui valurent à leur auteur une grande popularité. Les Promenades et Intérieurs (1872) contiennent de petits poèmes étonnants de délicatesse, véritables chefs-d’œuvre de simplicité et de vérité. Le théâtre de François Coppée, très romantique, a moins d’intérêt.

Les Symbolistes

Les Parnassiens avaient toujours été clairs. Mais Verlaine (1844-1896) dont le premier livre de vers, les Poèmes saturniens (1866), avaient été inspiré par ses amis du Parnasse, s’affranchit très vite de leur influence. Aux côtés de son ami Arthur Rimbaud (1854-1891), il créa une sorte d’école nouvelle, qui s’appliquait à traduire les nuances les plus délicates de la sensation, non plus par une analyse claire ou une peinture colorée, mais par une sorte de langage flou et comme balbutié, où les mots étaient associés beaucoup moins pour former un sens que pour suggérer à l’esprit, par des harmonies subtiles, des impressions vagues. C’est à l’oreille d’abord que ces musiciens subtils s’adressaient.