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la seconde moitié du xixe siècle

comme la Mort (1889), dans Notre Cœur (1890)… Ses personnages sont la vie même. Son style est comme eux musclé, vrai. Tout Maupassant tient dans un mot : la sincérité.

Les poètes

Théophile Gautier avait apporté le goût de la précision dans la forme. Charles Baudelaire (1821-1867) fut en cela son disciple. Au point de vue du fond, c’est un attardé du romantisme. Les poèmes de Baudelaire, étranges, souvent morbides, sont évidemment dictés par l’exaspération de l’individualisme. Les thèmes principaux de l’unique recueil de vers qu’il a laissé, les Fleurs du Mal (1857) sont l’ennui, le spleen, la hantise de la mort, de la fuite du temps, de la difficile beauté. Mais la pensée s’élève parfois très haut dans certaines pièces comme les Phares, le Voyage, la forme atteint un degré de perfection très rare dans d’autres comme les Chats, Don Juan aux Enfers, enfin une harmonie extraordinaire en accompagne d’autres, comme l’Invitation au voyage. Ce grand poète que son côté un peu maladif et névrosé, a fait classer à part par bien des critiques et dont le public s’est pendant assez longtemps écarté, est considéré aujourd’hui, pour sa forme admirable et la merveilleuse pureté de quelques-uns de ses poèmes, comme un très grand artiste.

Un autre disciple de Théophile Gautier est le charmant et ingénieux Théodore de Banville (1823-1891), qui porte comme lui très loin le souci de la