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la seconde moitié du xixe siècle

le virus romantique. Il en gardera toute sa vie le goût de l’énorme et même du monstrueux. Mais il adore Balzac et veut que ses personnages soient toujours dans la vie, quitte à déformer un peu, pour leur faire place, la vie elle-même. Il a plus que personne la passion du document, n’admet que des vérités contrôlées par lui sur nature. Il trace à gros traits charbonneux, mais d’une vigueur incomparable, des portraits un peu outranciers, et d’admirables tableaux d’ensemble où grouillent les mondes les plus divers. Il nous raconte les ouvriers dans l’Assommoir (1877), celui de ses livres qu’il a le plus serré, le plus écrit ; le monde des chemins de fer dans la Bête humaine (1890), de la finance dans l’Argent (1891), des magasins de nouveautés dans Au bonheur des Dames (1883), des paysans dans la Terre (1888), des mineurs dans Germinal (1885), le livre où tient le plus grand souffle ; etc… Tous ces romans sont réunis par un lien un peu artificiel qui en font remonter tous les personnages à la même souche. Reprenant l’idée de Balzac qui a écrit la Comédie humaine, il écrit l’Histoire naturelle et sociale d’une famille sous le second Empire.

Guy de Maupassant (1850-1893) a reçu fortement l’empreinte du génie de Flaubert. Il est moins artiste cependant, plus bourru, plus carré d’épaules. C’est pourtant un grand écrivain, meilleur conteur que romancier, dont certaines nouvelles, comme Boule de Suif (1880), sont des chef-d’œuvres. Lui aussi prétend traduire très fidèlement la nature. Il le prouve dans Une Vie (1883), dans Bel Ami (1885), dans Fort