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la seconde moitié du xixe siècle

demment les sources d’une pareille tendance. La fantaisie n’a plus de cours. Un roman doit être étayé sur des faits. La psychologie deviendra presque scientifique. Le romancier devra se doubler d’un expérimentateur.

Edmond de Goncourt (1822-1896) et Jules de Goncourt (1830-1870) s’associent pour mener à bien une étude approfondie des mondes où ils ont passé. Ils peignent le monde des lettres avec Charles Demailly (1860), le monde des arts avec Manette Salomon (1867), font le portrait d’une domestique, Germinie Lacerteux (1865), d’une jeune fille, Renée Mauperin (1864), etc… dans un style peu simple et qui, accueilli d’abord avec un grand enthousiasme, étonne quelque peu aujourd’hui.

Deux contemporains, Alphonse Daudet (1840-1897) et Émile Zola (1840-1902) éclairent d’une vive lumière cette école naturaliste. Alphonse Daudet, bien moins puissant, mais plus artiste, a laissé de la société du second Empire et de l’époque contemporaine des tableaux vigoureux dont la manière sait rester cependant légère. Ses deux plus beaux romans sont Fromont jeune et Risler aîné (1874), et Sapho (1884). Tartarin de Tarascon (1872), satire du caractère méridional français, eut un gros succès, mais se démode déjà. Son style est pur et ferme, un peu précieux parfois. Il est sensible infiniment sans tomber jamais dans la sensiblerie, ironique avec une douceur très française, et toujours plein d’aisance et de naturel.

Émile Zola, comme Flaubert, a reçu en naissant