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la seconde moitié du xixe siècle


Gustave Flaubert

Gustave Flaubert (1821-1880), naquit à Rouen. Il fit de grands voyages en Orient et revint presque aussitôt s’enfermer dans sa petite maison de Croisset, près de Rouen, où il écrivit Madame Bovary (1857), Salammbô (1862), l’Éducation sentimentale (1870), et la Tentation de Saint-Antoine (1874). Il laissa en mourant un roman inachevé : Bouvard et Pécuchet.

La vie de Flaubert représente peut-être le plus formidable labeur auquel un écrivain s’astreignit jamais. Son époque, son éducation, son milieu, son tempérament avaient fait de lui un romantique. Ce romantisme qui bout en lui, il l’écrase, il le dompte. Il a horreur de l’éloquence. Il a des choses précises à dire, et rien n’est plus difficile que d’être clair, précis, exact. Il travaille avec acharnement, met des mois à dresser ses plans, passe ensuite des semaines sur une page, écrit, rature, déchire, reprend, recommence sans cesse ce duel entre la forme et la pensée. Il s’essouffle, sue, marche à grands pas dans son cabinet, peine comme un bœuf, mais est vainqueur. Dans ce patient et rude effort vers le réalisme, il n’oublie pas tout à fait pourtant qu’il y a un romantique en lui. Des romantiques, il déteste l’imprécision, l’abondance, l’improvisation facile, mais il aime passionnément le pittoresque de leur forme. Il le prouvera dans Salammbô.

Son premier ouvrage, Madame Bovary, n’est cependant que réaliste, et même il est, en plusieurs endroits, une satire contre le romantisme, contre le trouble dan-