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la seconde moitié du xixe siècle

Ernest Renan est un des écrivains les plus parfaits que nous connaissions. Sa phrase allie à la sobriété classique l’harmonie et la luminosité romantiques. Elle porte doucement la pensée, sans heurts, sans cahots, toujours remplie d’une grâce souple qui cache une force très grande. Des pages d’Ernest Renan sont souvent citées comme les plus parfaits modèles d’intelligence et de clarté qu’on puisse trouver, telle cette Prière sur l’Acropole, si harmonieuse, qui est contenue dans les Souvenirs d’Enfance et de Jeunesse.

Hippolyte Taine (1828-1893), à côté de la souplesse de Renan, semble la rectitude même. C’est à la fois un critique et un historien. Il laisse en effet : La Fontaine et ses Fables (1853), Histoire de la littérature anglaise (1863), Philosophie de l’Art (1869), Origines de la France contemporaine (1894), de l’Intelligence (1870)…

Il avait pour les sciences exactes le même culte que Renan, mais ce culte était plus brutal, et rigoureusement étranger à toute idée de mysticisme. En cela, il est l’élève des philosophes du xviiie siècle. On peut dire qu’il fit du mot précision le mot d’ordre de toute sa carrière. Il n’admet rien en dehors de ce que l’expérience a définitivement démontré.

Sa critique est curieuse, encore que volontairement plus intelligente qu’artiste, et pleine d’idées. Il essaie d’y montrer l’influence que la race et le milieu peuvent exercer sur l’artiste. Comme historien, il cherche à montrer d’où est sortie la France actuelle. Il le fait avec beaucoup de méthode et une absolue clarté. Son in-