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la seconde moitié du xixe siècle

Ernest Renan (1823-1892) est né à Tréguier, en Bretagne. Il se destina à la prêtrise et fit ses classes aux séminaires de Saint-Nicolas du Chardonnet, d’Issy et de Saint-Sulpice. Il y perdit peu à peu la foi qu’il prétendait y consolider, et renonça à la vie ecclésiastique. Alors commença une vie d’études et de travail à laquelle nous devons les Origines du Christianisme, monument considérable qui comprend la Vie de Jésus (1863), les Apôtres (1866), Saint-Paul (1869), l’Antéchrist (1873), les Évangiles (1877), l’Église chrétienne (1879), et Marc-Aurèle (1881) ; puis l’Histoire du peuple d’Israël (1888-1894), l’Avenir de la Science, où il dit sa foi à la science dans laquelle il met tous ses espoirs ; enfin un adorable livre de souvenirs personnels : Souvenirs d’Enfance et de Jeunesse (1883).

Les Origines du Christianisme sont d’un intérêt considérable au double point de vue de l’histoire et de la littérature. La psychologie des peuples y est retracée avec un sens délicat de la nuance qui fait de cet ouvrage une merveilleuse peinture des évolutions morales de l’humanité. Il y montre les différentes phases de l’idée religieuse à travers les pays et les époques ; il en sent toutes les fluctuations, toutes les transformations et toutes les déformations.

Dans des Dialogues philosophiques (1876) et des Drames Philosophiques (1878-1886), il a exposé avec une imprécision voulue une philosophie à laquelle son intelligence et son esprit critique refusaient des certitudes. Il y aboutit à une sorte de scepticisme sans amertume.