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la première moitié du xixe siècle

rive pas, malgré tous ses efforts, à la puissance d’évocation de Chateaubriand.

Thiers (1797-1877), auteur d’une Histoire de la Révolution (1823-1827), et d’une Histoire du Consulat et de l’Empire, est un improvisateur brillant et un très grand érudit, qu’une carrière politique trop remplie empêcha de donner des œuvres absolument définitives.

Guizot (1787-1874), son rival à la tribune, fait l’histoire des idées sans se préoccuper du pittoresque. Il a laissé une Histoire de la Révolution d’Angleterre (1826-1856) et une Histoire générale de la Civilisation.

Mais le plus grand historien du siècle est évidemment Michelet (1798-1874), qui mène à bien la réforme tentée par Augustin Thierry. Michelet avait un don de visionnaire prodigieux qui lui permit de ressusciter pour ses contemporains la vie des siècles disparus. Ses facultés d’évocation sont telles qu’il partage les passions de ce peuple français dont il usera sa vie à raconter l’histoire. Souvent son imagination l’entraîne et les historiens d’aujourd’hui, qui ont fait de l’histoire une science exacte, absolument étrangère à la littérature, lui reprochent avec violence d’assez nombreuses inexactitudes. Ils ont tort. Si l’Histoire de France de Michelet n’est que l’histoire de France vue à travers un tempérament, du moins ce tempérament est-il à la fois un des plus français et des plus compréhensifs qui se puissent rencontrer. Il semble que Michelet ait été le témoin de tous les siècles, et s’il n’a pas pu se dégager complètement des influences de son temps, s’il est toujours resté manifestement un ro-