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la première moitié du xixe siècle

succomba à la tâche. Foudroyé par l’apoplexie, il mourut à cinquante-et-un ans.

Balzac a fait entrer la couleur locale dans le roman contemporain. Ce qui manque à Adolphe, par exemple, à savoir la description minutieuse des décors où se passe l’action, les portraits physiques des personnages, leur généalogie, leur physiologie, leurs antécédents, leurs racines, leurs attaches. Balzac nous les retrace avec une précision et une abondance de détails qui vont souvent jusqu’à l’excès mais qui donnent magnifiquement l’impression de l’universalité. Réaliste puissant, cet homme sans cesse tourmenté par des embarras d’argent, a introduit l’argent dans la littérature. Il lui a donné, dans les préoccupations humaines, la première place qui, jusqu’alors, avait été uniquement réservée à l’amour. Avec l’argent entraient dans le roman moderne la foule des hommes d’affaires, usuriers, banquiers, huissiers, etc…, les histoires de procès, testaments, contestations judiciaires. Enfin, il faisait du roman, la représentation de la vie tout entière, fondant dans un seul creuset tous les genres dans lesquels, avant lui, les romanciers s’étaient complu et dont ils s’étaient satisfaits, le roman de mœurs, le roman historique, le roman de caractères, le roman social, le roman sentimental. Tous les romanciers qui vinrent après lui et même les auteurs dramatiques subissent profondément son influence. Aujourd’hui encore on ne cesse de porter ses livres au théâtre, où lui-même avait médiocrement réussi. Il a donné à ceux qui l’ont suivi, le souci de la documentation exacte, le goût des réalités de la