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la première moitié du xixe siècle

ordre. Il note avec une minutie déconcertante les mouvements de l’âme les plus subtils. Il a eu une grande influence sur la génération de romanciers qui commença à écrire vers 1880, en particulier sur Paul Bourget et Maurice Barrès.

Dans le même temps, Prosper Mérimée (1803-1870), dont on ne sait pas assez qu’il est un immense écrivain, publiait de petits romans et des nouvelles : la Chronique de Charles ix, Matteo Falcone, l’Enlèvement de la redoute, Tamango (1829), le Vase étrusque (1830), Colomba (1840), Carmen (1845), etc… C’est le plus sobre et le plus mesuré des littérateurs du siècle. Sa philosophie est amère : il se plaît, par exemple, à exposer, dans des nouvelles exotiques, combien la morale change d’un pays à l’autre et se contredit ; il est d’un pessimisme aigu, il ne regarde vivre les hommes qu’avec de l’ironie aux lèvres, mais il cache ce pessimisme et cette ironie sous une grande pudeur. Il a le plus grand souci de ne jamais se montrer lui-même dans ses personnages. Son style est la netteté, la précision, la pureté mêmes. Il a les meilleures qualités classiques en pleine époque romantique.

Alexandre Dumas père (1803-1870) donna au roman historique une vogue que celui-ci n’avait jamais connue. Il a laissé une très longue suite de romans écrits d’une plume rapide et alerte, remarquables surtout par de rares qualités d’imagination, de verve, d’esprit et de gaîté. Les plus célèbres sont la trilogie constituée par les Trois Mousquetaires (1844), Vingt ans après (1845) et le Vicomte de Bragelonne (1848) ; le Comte